Un Californien ravale la façade du surf-rock avec fuzz et larsen.
Nathan Williams, du haut de sa petite vingtaine, regarde la plage sous le soleil de San Diego et s’emmerde un peu. Il rêve de pluie, de meurtres et de démons. La faute à l’herbe, aux filles gothiques et à Jesus & Mary Chain. Pour tromper l’ennui de cette adolescence qui s’étire, il lui vient une idée : reprendre à lui tout seul le chantier de rénovation du surf-rock là où les Pixies l’ont laissé avec Bossanova.
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De ces derniers, il a hérité le sens de la mélodie et une énergie brute peu commune. Du shoegazing, il a appris le goût de la saleté et le mépris de sa voix, ici noyée au même titre que le reste dans le brouet bruyant. Ressortent du chaudron des lignes mélancoliques et fragiles speedées et dissimulées sous une débauche d’effets qui lie les parties au tout, et rend inaudible le disque à faible volume.
Puis survient le doute : tout cet enchevêtrement sur-saturé, sur-fuzzé, sur-phazé, sur-flangé ne serait-il pas un peu excessif pour être sincère ? La production noisy est-elle, à l’instar de l’huile d’olive ou du fût de chêne, un vulgaire artifice destiné à faire passer des produits de basse qualité pour des mets de choix ? Mais l’écoute de So Bored, No Hope Kids, To the Dregs ou Gun in the Sun suffit à convaincre de la vrai nature de Wavves : on est en présence d’un très très bon fruit. Mais qui n’est peut-être pas tout à fait mûr.
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