Shack en bois. 1990 : les ex-Pale Fountains enregistrent des chansons approximatives et/ou sublimes. Enfin éditées. Nos abonnés le savent bien : la rédaction de ce journal a toujours éprouvé une admiration sans bornes pour le travail des frères John et Michael Head un engouement proche de l’aveuglement que même les absences fâcheuses du […]
Shack en bois. 1990 : les ex-Pale Fountains enregistrent des chansons approximatives et/ou sublimes. Enfin éditées.
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Nos abonnés le savent bien : la rédaction de ce journal a toujours éprouvé une admiration sans bornes pour le travail des frères John et Michael Head un engouement proche de l’aveuglement que même les absences fâcheuses du duo surdoué n’auront su apaiser. Des Pale Fountains à Shack (aux Strands, leur prochaine incarnation dont on reparlera très vite), le monstre mélodique à deux têtes a signé quelques-unes des plus époustouflantes pop-songs de l’histoire du rock anglais, animant chacune de ses chansons d’un feu qui sembla même parfois lui brûler les doigts. D’où le relatif effacement de ces dernières années, la petite famille ayant choisi l’ombre et le retrait aux déceptions fatales d’une vie en pleine lumière. Ce sont donc des frères Head crépusculaires que l’on retrouve sur Waterpistol, collage de chansons douces tirées de l’oubli les bandes enregistrées en 1990 devaient former le deuxième album de Shack par un label allemand si peu scrupuleux qu’il n’a même pas jugé nécessaire de prévenir le groupe de la sortie du présent disque. Plus proche d’une carte postale triste et bouleversante comme la lettre d’une amie que l’on aurait cru perdue à jamais , Waterpistol ne ressemble à aucun des disques bien notés par la critique, trop personnel et trouble pour Top of The Pops. Déjà, à l’époque, les Pale Fountains constituaient un fabuleux anachronisme, eux qui portaient les guitares sèches comme d’improbables étendards alors que l’Angleterre tout entière avançait au son des synthés. En 83, alors qu’il s’apprête à sortir sa merveille de premier album avec les Pale Fountains, Michael Head est un homme largué, coupé du monde, un jeune type sans combat, sans colère ni velléité. A mille lieues de Morrissey (son ambitieux voisin de Manchester, à quelques dizaines de kilomètres de Liverpool), Michael Head ne rêve que de musique. Idéale, elle ressemblera à un mélange éclairé entre Love, la Northern soul et Milton Nascimento : amalgame formidable qui nourrira deux des albums essentiels des années 80, Pacific street et From across the kitchen table. Puis, trop vite, mort des Pale Fountains et création de Shack signataires d’un album, Zilch, injustement boudé. Enfin, et avant un vague crochet vers la hype baggy avec le morceau I know you well, les frères Head enregistreront quelques trésors à dominante acoustique ici présentés pour la première fois, dont les superbes Hazy et Undecided entendus à l’occasion de concerts dépouillés aussi rares que chaotiques. Waterpistol pouvant éventuellement faire office de remise à niveau ou de mot d’excuse , ne reste plus qu’à attendre fébrilement le premier album de The Strands, ultime mot de passe de deux frangins qu’on annonce à nouveau prêts pour la bagarre. On n’a jamais attendu de disque avec plus d’impatience et de nervosité.
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