Avant que le peuple carbonisé des villes ne les déserte pour oublier la saison musicale gargantuesque ou au contraire se resserve une dose supplémentaire dans les festivals, la planète Britten apparaît en ligne de mire (avant le 11 août, et on espère sans encombres) en faisant admirer ses plus belles collines. Qu’on en juge : […]
Avant que le peuple carbonisé des villes ne les déserte pour oublier la saison musicale gargantuesque ou au contraire se resserve une dose supplémentaire dans les festivals, la planète Britten apparaît en ligne de mire (avant le 11 août, et on espère sans encombres) en faisant admirer ses plus belles collines. Qu’on en juge : sont présentées simultanément deux oeuvres majeures, l’opéra Peter Grimes en Alsace et le War requiem à Saint-Denis (ce dernier avec l’excellent Ian Bostridge, tandis qu’est rééditée chez Decca la version historique dirigée par le compositeur en compagnie de Peter Pears). Attendez, c’est pas fini ! Dans le même temps, Abeille Musique ressort une série d’enregistrements légendaires réalisés à la BBC entre 1959 et 1972, Britten the performer, qui permettent de se plonger dans deux des références incontournables de Britten : Purcell (Didon et Enée) et Mahler (lieder, Quatrième symphonie). Dès sa plus tendre enfance, le compositeur anglais est sous l’emprise de la musique de Mahler, d’« une beauté suprême ».
Il comparait l’Adieu du Chant de la terre à un raz de marée imprimé dans l’atmosphère. L’osmose entre la transparence, l’économie de moyens (Purcell, la Quatrième de Mahler) et le romantisme introverti et puissant qui imprègne le Requiem de guerre et Peter Grimes est au coeur de l’inspiration de Britten. Enième déclinaison de la messe des morts, le War requiem (1962) s’élève comme un véritable chant humaniste du siècle où profane et sacré s’entremêlent de manière personnelle. Dans Peter Grimes, dont Jeffrey Tate soulignait ici même la modernité tout comme les inhibitions dans la peinture de la marginalité, il y a la couleur étrange d’un drame marin qui a valeur de chef-d’oeuvre par la beauté de ses interludes et sa vocalité triomphante. On continue de s’y abreuver avec la même foi.
Benjamin Britten. Peter Grimes, mise en scène Alfred Kirchner, dir. Jan Latham-Koenig. War requiem Orchestre national de France, dir. Yutaka Sado