Dans un futur lointain, Mac DeMarco ressemblera à Daniel Johnston, Alex Cameron écrira des romans populaires et Tonstartssbandht aura sorti un morceau krautrock psychédélique plus démentiel encore que le Mother Sky de Can. Il sera alors temps de se pencher sur la douce folie dépressive qui habite l’esprit embué de ces héros de la musique contemporaine, […]
Walter TV se balade entre ombre et lumière, Dinner, complètement paumé, choisit la nuit, Metz, produit par Steve Albini, sort les guitares qui râpent, L.A. Witch tabasse aussi, mais plutôt en mode garage, et Beach Youth apporte un peu d’air avec sa pop 60’s.
Dans un futur lointain, Mac DeMarco ressemblera à Daniel Johnston, Alex Cameron écrira des romans populaires et Tonstartssbandht aura sorti un morceau krautrock psychédélique plus démentiel encore que le Mother Sky de Can. Il sera alors temps de se pencher sur la douce folie dépressive qui habite l’esprit embué de ces héros de la musique contemporaine, planquée derrière une pantomime régressive et toujours sur la brèche.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Parmi ces grands dérangés du bocal, le groupe Walter TV fait figure de challenger. Les Canadiens (et compagnons de tournée de Mac) sortent ces jours-ci Carpe Diem, un troisième album où onirisme lynchien torturé et digressions sonores lumineuses cohabitent en bonne intelligence. Une esthétique lo-fi disruptive qui met sur le même plan voix quasi inaudible et instruments, en tentant de faire tenir dans un format classique (dix titres de trois minutes environ) tout le potentiel créatif de ces génies un peu déprimés.
Si Carpe Diem nous plonge dans un état cotonneux de jet-lag permanent, la synth-pop du New Work de Dinner constituera, elle, davantage le mantra de nos errances nocturnes. Dans la lignée de cette génération de chanteurs au cœur brisé comme Better Person ou Sean Nicholas Savage, le Danois Anders Rhedin, basé comme tout le monde en 2017 à Los Angeles, livre ici, au crépuscule de sa vie, une collection de dix chansons sur l’amour, l’attente et la perte/quête de sens. Le tout à travers une voix en slow-motion, dont les velléités mélodiques contrariées peuvent, à certains moments, évoquer les trajectoires lyriques prises par celle de Morrissey. Deux ambiances pour deux disques signés sur Sinderlyn Records et Captured Tracks, labels montés par Mike Sniper, l’homme le plus cool de Brooklyn.
En parlant d’évocation, les Canadiens de Metz sortent Strange Peace, un troisième album abrasif, où l’on retrouve, ici et là, la violence et la rudesse du Bleach de Nirvana (il suffit d’écouter le furieux Lost in the Blank City pour s’en convaincre). Drôle, quand on sait que Steve Albini, l’homme aux manettes d’In Utero, produit ce disque. Déjà responsable de l’album de Ty Segall cette année, le producteur culte de toute une génération semble laisser libre court aux idées tordues de cette bande de kids déjà bien établie, dont la filiation DIY ne laissait pas présager qu’elle s’autoriserait un jour un détour par la case producteur de renom. Et c’est tant mieux : Metz n’a rien perdu de sa bestialité et le label Sub Pop a encore de beaux jours devant lui.
Nouveau détour par Los Angeles, avec les trois filles de L.A. Witch cette fois. Dans le genre rock garage-psyché à tendance stoner, ce premier album propose de perpétuer l’imaginaire d’une americana sous influence narcotique et sulfureuse, parfaitement illustrée par le single Brian, sorte de ballade badass dans le désert de Californie en Cadillac décapotable, en direction des mythiques studios d’enregistrement Rancho De La Luna, à Joshua Tree. Un groupe que l’on aurait bien vu jouer en résidence sur la scène du Bang Bang Bar de Twin Peaks ou dans la séquence de castagne d’un Tarantino.
C’est une autre facette de la Côte Ouest que les Français de Beach Youth nous proposent d’explorer avec Singles, un premier ep au charme rétro et vintage, rappelant les premiers efforts des New-Yorkais de The Drums, l’esprit dérangé en moins. Derrière le phare sépia d’une production portée par ses guitares claires et ses mélodies pop sixties, se cache un talent d’écriture indéniable et l’insouciance d’une jeunesse à contre-courant d’une époque moins enjouée et optimiste. A suivre donc.
{"type":"Banniere-Basse"}