Trois disques tournent inlassablement en boucle sur nos platines ce mois-ci. Ils sont signés Luidji, MGMT et Idles tous trois disponibles à la FNAC.
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Luidji, Saison 00
Plutôt que de suivre une certaine logique qui aurait voulu que l’artiste de 32 ans offre une saison 2 à son Tristesse Business, Luidji déjoue les attentes et remet le compteur à zéro en replongeant sans pudeur dans ses souvenirs d’enfance et d’adolescence. En conclusion de Boscolo Exedra en 2020, la voix d’une proche amie du père de Luidji lui recommandait d’entamer une thérapie.
Ses paroles avisées trouvent d’emblée une résonance sur les trois titres introductifs de Saison 00. Des réminiscences de la cour d’école (clin d’œil immédiat à la pochette de Luidji, enfant dans ses habits d’écolier), aussi anodines que douloureuses, présentées à cœur ouvert sur la sublime entrée en matière Alexis, s’amplifient dans la foulée par la solitude et la cruauté que l’on devine sur Telefoot avec ses “mots plein le sac à dos” destinés au “seul renoi de la classe”. Jusqu’à la lose de ses années à la fac qui lui collent à la peau sur le caustique et entêtant Joueur 1, où les apitoiements railleurs de Luidji croisent ceux de son compère de longue date Tuerie. “Suis-je un homme ou juste une somme de problèmes existentiels ?”, se questionne Luidji en dénouement de ce morceau parmi les plus forts de l’album.
Lire notre chronique : Luidji panse les blessures du passé sur le cathartique et lumineux “Saison 00”
MGMT, Loss of life
Loss of Life possède donc une certaine pureté dans ce sens, car la motivation première derrière ce disque était de rejouer ensemble et de passer du bon temps à le faire, ce qui est l’essence d’un groupe. Cette sensation était très plaisante, elle nous renvoyait à nos débuts et nous rappelait pourquoi nous avions créé MGMT à l’origine.”
Fidèle à ses habitudes saugrenues et imprévisibles, la paire n’a pas manqué de prendre à revers l’auditoire pour annoncer son grand retour. Dévoilé en novembre dernier, le single inaugural Mother Nature, sous ses airs de pop FM bon enfant et sa joyeuse vidéo d’animation émouvante, vient saper toute idée de continuité stylistique.
L’idée est plutôt d’aller faire un saut temporel à la fin du siècle dernier, de s’imprégner de la Britpop et de piquer quelques effets de manche aux frères Gallagher, quitte à singer Oasis, démarche totalement consciente et revendiquée par les Américains. Pour le plaisir.
Lire notre chronique : MGMT : “Notre musique actuelle est la plus sincère et passionnante”
Idles, TANGK
Difficile de croire que les premiers pas de ces Anglais de Bristol ne datent que de 2017, avec un Brutalism déjà impressionnant, où leur fureur de vivre s’accompagnait d’un vrai engagement sociopolitique. Depuis, au fil des disques qu’ils sortent à un rythme soutenu (contrairement à ce que proclame leur nom qui signifie les “désœuvrés”, les “paresseux”), leur énergie a électrifié toute une nouvelle génération de groupes vingtenaires, prêts à reprendre le flambeau. Un drôle de retournement de situation pour ces cinq musiciens réunis au départ par leur rejet d’une scène rock alors léthargique, par leur envie de rester à l’écart pour créer leurs propres sons.
Mais Idles n’a pas dit son dernier mot, comme en témoigne Tangk et ses tubes en puissance, à la fois revêches par nature et désormais immédiatement fédérateurs, tour à tour chaloupés ou cinglants, expansifs ou intimistes. Dévoilés fin 2023, les deux premiers extraits, Dancer (avec James Murphy et Nancy Whang de LCD Soundsystem en choristes de luxe) et Grace, ont donné un aperçu de ce désir ambitieux de réconcilier les paradoxes.
Lire notre chronique : Idles : “La subversion peut être paisible, drôle et tendre”
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