Netherlands Radio Choir & Philharmonic, dir. Steven Mercurio . Le compositeur américain Einhorn dresse autour de la vie de Jeanne d’Arc un ensemble de tableaux musicaux passionnés. L’histoire de Jeanne d’Arc a curieusement peu inspiré les musiciens, à l’exception notable de Tchaïkovski et de l’oratorio joliment boursouflé de Claudel et Honegger dont les répliques (“Jeanne […]
Netherlands Radio Choir & Philharmonic, dir. Steven Mercurio .
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Le compositeur américain Einhorn dresse autour de la vie de Jeanne d’Arc un ensemble de tableaux musicaux passionnés.
L’histoire de Jeanne d’Arc a curieusement peu inspiré les musiciens, à l’exception notable de Tchaïkovski et de l’oratorio joliment boursouflé de Claudel et Honegger dont les répliques (« Jeanne ! Jeanne ! Jeanne ! Va, va, va ! ») ont enchanté notre enfance. A croire que le récit des hauts faits de la Pucelle et son martyre au bûcher constituent une entreprise particulièrement casse-gueule, à laquelle peu osent se risquer. L’Américain Richard Einhorn ancien producteur vedette chez CBS/Sony (ça aide) s’y est essayé, après avoir eu le choc de sa vie en découvrant La Passion de Jeanne d’Arc de Dreyer. Son œuvre contourne l’écueil de l’hagiographie musicale en opposant au film de Dreyer qu’elle est censée illustrer une structure musicale résolument non narrative, grand patchwork de scènes évoquant l’héroïne au travers d’écrits et de documents d’époque. Attitude typique du musicien arty new-yorkais que Einhorn se targuait d’être : « Depuis l’âge de 18 ans, dit-il, toutes mes références se situent dans l’avant-garde, de Zappa et Soft Machine à Beckett, Cage ou Ionesco. Je n’ai pas pensé un seul instant à écrire une musique qui ne soit pas en décalage avec les images de Dreyer. » C’est bien fait, ingénieux, quelque part entre le « Lingual » à la Zimmermann (collage de textes d’origines variées) et les grands motets pluritextuels du Moyen Age. Einhorn pousse le zèle jusqu’à répartir le rôle de Jeanne entre plusieurs voix (les quatre girls d’Anonymous 4, ici en invitées de luxe). Heureusement, Voices of light ne se contente pas d’être un brillant exercice de style structuraliste. C’est aussi une pièce fort écoutable qui, musicalement, tient aussi bien la route que La Belle et la bête de Glass pour prendre un exemple récent de musique expressément conçue pour accompagner un film. De Glass, Einhorn retrouve souvent les accents et les suaves coloris, mêlés à une forte inspiration médiévale et une série d’idiomatismes de bon aloi (un solo de viole de gambe, notamment), toutes choses de nature à assurer à sa partition un joli brin de succès. De fait, l’œuvre à laquelle Voices fait surtout penser, ce sont les Carmina burana d’Orff le genre de musique dont il est bon de dire pis que pendre en société mais dont on se retrouve immanquablement à fredonner les airs sous la douche comme un benêt. La musique d’Einhorn est ainsi : simple, entêtante, offrant du Moyen Age une vision à la fois grandiloquente et triviale qui ne manque pas de charmer. Cela dit, ce n’était pas une raison pour que Sony se fende d’une mise en garde aussi emberlificotée que celle qui figure, en petits caractères, au verso du disque stipulant qu’il « n’y a ni affiliation, ni connexion, ni partenariat, ni autre type d’association entre d’une part Sony, ce produit, ni aucun autre élément contenu à l’intérieur et d’autre part La Passion de Jeanne d’Arc« . Pardon ?
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