En première partie d’Oasis (le 2 mars à Lyon et le 3 à Paris-Bercy), Glasvegas est le nouveau groupe de Glasgow qu’il vous faut. Rencontre avec le leader du groupe, James Allan (la houpette à gauche).
Ne pas se fier à leurs airs de loubards. En panoplie noire intégrale des lunettes
au cuir, du regard aux mèches hérissées, les quatre membres de
Glasvegas pourraient décrocher un rôle dans un film de Ken Loach, où ils traîneraient dans un coupe-gorge en briques rouges.
Pourtant, la mine blafarde de leur chanteur James Allan cache une âme romantique à fleur de peau. “Je porte du noir à l’extérieur parce que je broie du noir à l’intérieur/Et si j’ai l’air un peu bizarre c’est parce que je le suis”,
chantait Morrissey sur Unloveable, avec l’humour de l’exagération qu’on lui connaît. On imagine déjà James Allan reprendre ces paroles avec son accent écossais à couper au couteau – un cran d’arrêt bien aiguisé.
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Unique songwriter du groupe et personnage unique en son genre, James Allan éponge tout le malheur du monde avant de le recracher en chansons. Des mélodies amochées qui bouleversent et apaisent en même temps.
On retrouve le brouillard de guitares cotonneuses déjà distingué chez le Velvet Underground ou The Jesus & Mary Chain. Mais James Allan s’est aussi imprégné de références plus inattendues. Il voue un culte à Elvis Presley (d’où le look), au surf-rock californien (d’où les choeurs presque ensoleillés), au générique de Twin Peaks (d’où l’ambiance glauque) et aux productions de Phil Spector (d’où le mur du son aussi impressionnant qu’un écho de cathédrale). “J’ai souvent l’impression d’être dans un rêve éveillé, dit-il les yeux dans le vague. J’aime bien rester dans les nuages. Quand je me sens très conscient, j’ai du mal à libérer mon imagination.”
A une époque où une légion de groupes s’essaie au rock épique le plus pompier, Glasvegas tire son épingle du jeu par le réalisme social de ses paroles. C’est dans ses chroniques d’une vérité glaciale que James Allan dévoile son coeur tendre et ses origines modestes. Ancrés dans le quotidien de la classe ouvrière de Glasgow, ses textes poignants exaltent des valeurs assez peu fréquentes chez les paroliers actuels : le remords (It’s My Own Cheating Heart That Makes
Me Cry), la peur d’être poignardé (Stabbed, spoken-word sur un extrait
de Beethoven) ou la compassion d’une assistante sociale (Geraldine). Dans l’imposant Flowers & Football Tops, il évoque le meurtre d’un ado, kidnappé à Glasgow en 2004, raconté depuis le point de vue de la mère de la victime. Ce fait divers relaté à foison dans lesmédias britanniques a eu un impact aussi fort que l’interprétation qu’il en a tirée.
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