Mélange de blues païen, de folk sorcier et de pop lumineuse, le premier album
des Californiens Dodos est un trésor.
Les affreux bûchers de Salem n’ont donc, finalement, pas définitivement eu raison de la sorcellerie nord-américaine. Animal Collective, MGMT, Born Ruffians, et désormais les deux Californiens de The Dodos : des groupes sorciers mais des groupes modernes, qui refont du neuf avec du séculaire, les pieds enracinés dans les poussières éternelles mais l’horizon portant loin vers le futur. De tous ceux-là, les San-Franciscains The Dodos sont peut-être les plus frappants, voire les plus géniaux. Car leur premier album, Visiter, est une perfection, de bout en bout – la définition même de l’équilibre. Un folk sorcier et effrayant, mais également une pop d’Halloween, grimée, joueuse et rigolarde. Pour les petits et les grands, pour la masse et pour les nerds : à la fois, dans le même objet et dans un même souffle, la puissance grandiose et épique d’Arcade Fire (le petit tube Fools) et les torsions dingo d’Animal Collective (la magnifique Red and Purple, les cavalcades de Jody).
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Le sens de l’orientation est absent du vocabulaire, pourtant d’une richesse de Midas, des Dodos. Car les morceaux de Visiter ne savent jamais tenir une ligne trop droite : ils se doublent, se dédoublent, mutent, s’enchevêtrent dans de nouvelles harmonies, s’attaquent en permanence, mais sans douleur, à de nouvelles terres, s’enfoncent dans de nouveaux délires orgiaques. Des rythmiques tribales et des batteries bornées se frottent au raffinement ultracivilisé, lui, de mélodies affolantes de beauté. De l’acoustique sèche et bouleversante (Ashley ou l’amplitude de Winter) affronte un blues électrique comme un mauvais soir d’orage ou comme un Black Keys sous amphétamines, tel le finale à rebrousse-poil de Joe’s Waltz, l’un des plus incroyables morceaux de Visiter. Qui, de toute façon, ne compte que des morceaux incroyables.
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