Juste avant leur tournée de reformation, les turbulents Anglais s’offrent une rétrospective plantureuse.
Le retour de Supergrass coïncide avec deux anniversaires aux chiffres ronds : en 2020, cela fait dix ans qu’ils se sont séparés, après un ultime concert à La Cigale, et cela fait aussi vingt-cinq ans qu’ils ont sorti leur premier album, I Should Coco. “Sommes-nous comme vous ? Je n’en suis pas sûr”, chantait d’un air goguenard Gaz Coombes, leur leader à rouflaquettes, sur le single Alright, en 1995. Cette bizarrerie merveilleuse illuminait le clip de ce tube en puissance.
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Le monde découvrait alors ces trois garçons aux bouilles cartoonesques et aux mélodies effervescentes, bien plus intéressés par les plaisirs instantanés et les rigolades que par la guéguerre qui déchirait Blur et Oasis à l’époque. Supergrass n’a jamais cherché à rivaliser avec ces deux mastodontes, préférant de loin leur image de pois sauteurs de la Britpop.
Un groupe bouillonnant et intense
La notion d’étrangeté revient dans l’intitulé du coffret publié ce mois-ci : The Strange Ones. Cette rétrospective se penche sur l’ensemble de leur carrière, façon bilan de compétences. Plutôt qu’une sélection de ses morceaux les plus connus, le trio a eu l’idée un peu folle de tout mettre sur la table.
Plus de deux cents titres sont ici réunis : l’intégralité de leurs six albums par ordre chronologique, suivis par des versions live, des faces B, quelques reprises (notamment le génial Some Girls Are Bigger Than Others des Smiths) et enfin des raretés à gogo (remixes, demos…).
Un tel foisonnement de musique pourrait dérouter ceux qui ne connaissent pas le groupe d’Oxford et aimeraient le découvrir. Il suffit simplement de commencer par le début : l’inoxydable I Should Coco (1995) qui aligne ses pop-songs mélodiques en diable, pressées comme des ados, sous haute influence anglaise (Buzzcocks, The Kinks, The Jam, Madness…).
La tournée ? “On va se marrer et apporter l’énergie et la joie de Supergrass »
L’album suivant, In It for the Money (1997), reste un sommet de leur espièglerie, en s’orientant parfois vers un rock plus intense (comme le bouillonnant Richard III). On pourra ensuite mesurer l’ampleur de leur songwriting sur des titres comme Moving, Mary, Za, ou l’utime album Diamond Hoo Ha (2008), d’inspiration glam.
Il faut toutefois reconnaître que certains morceaux, certes incontournables, reviennent un peu trop souvent tout au long de ce coffret qui compte, par exemple, six versions différentes de Sitting Up Straight et neuf de Caught by the Fuzz.
Ceux qui connaissent déjà sur le bout des doigts le répertoire du trio britannique pourront plonger dans des recoins méconnus, en particulier certaines faces B qui méritent le détour (comme l’éblouissante Wait for the Sun) ou des délires potaches (la parodie country Sex !, l’instrumental intitulé Je suis votre papa sucre).
Après avoir révisé ces classiques, on ne peut que recommander de (re) voir Supergrass lors de sa nouvelle tournée européenne. Pas d’arrière-pensée en tête – le groupe n’envisage pas de retourner en studio, il a juste envie de célébrer sur scène sa carrière. “On va se marrer et apporter l’énergie et la joie de Supergrass dans ce monde un peu dérangé”, a récemment expliqué Gaz au NME. Alright.
Coffret The Strange Ones 1994-2008 (Echo/BMG), sortie le 24 janvier
Concert Le 4 février, Paris (Casino de Paris)
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