D’une traite et en studio, le jeune et sensible Irlandais revisite sa discographie en mode intime.
On peut s’interroger sur la précipitation de Conor O’Brien à publier une sorte de best-of déguisé, un peu plus de six mois seulement après la sortie de son très beau troisième album, Darling Arithmetic.
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Obligation contractuelle ou simple désir d’en maintenir la flamme – ce bijou fragile est passé trop inaperçu –, reste qu’on aurait tort de prendre Where Have You Been All My Life? pour un petit caprice orgueilleux, et que l’on pourrait au contraire en profiter pour remettre l’un des meilleurs songwriters britanniques du moment sous la lumière. Une lumière tamisée, certes, puisque ces douze titres sont extraits d’une session marathon au studio RAK de Londres, où O’Brien et quatre musiciens ont enregistré en une seule journée pas moins de dix-huit chansons avec Richard Woodcraft, l’ingénieur maison et fin bâtisseur sonore de l’époque (The Last Shadow Puppets, Daho, Savages…), en versions acoustiques.
Les originales n’étant pas non plus très voraces en électricité, la différence se joue dans les détails, dans la caresse d’instruments qui prennent d’autres angles, surlignent différemment les mélodies, dans l’interprétation un poil plus tendue d’O’Brien, dans la solennité qui semble avoir pris en écharpe ces chansons à la grâce absolue. Si on déplore l’absence des deux plus grands titres du premier album (I Saw the Dead et Becoming a Jackal), la set-list est par ailleurs irréprochable, d’autant plus qu’elle est agrémentée de deux perles rares : une version de Memoir, chanson écrite à l’origine pour Charlotte Gainsbourg, et surtout une reprise de l’un des plus beaux morceaux au monde, Whichita Lineman de Jimmy Webb.
Il faut toujours du cran, voire un peu d’instinct kamikaze, pour se frotter à un tel classique, déjà visité par tant de voix royales (Glen Campbell à l’origine, et derrière lui Ray Charles, James Taylor, Johnny Cash ou Michael Stipe), et le courageux Conor y apporte sa petite parcelle d’humanité, sa modestie touchante, comme un enfant au pied d’une montagne qu’il parviendra contre toute attente à gravir sans effort. Rien que pour ce majestueux finale, cet album vaut le détour, le reste du programme n’étant pas anecdotique pour autant.
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