Pour la troisième année consécutive, La Villa Médicis ouvrait ce week end ses jardins aux musiques actuelles : la Dolce vita a de beaux jours devant elle.
« C’est la première fois qu’on vient en Italie et à Rome. Je crois que nous avons atterri dans le plus bel endroit du monde. » Il est 21h20 et sur la scène, la leadeuse de Chairlift Caroline Polacheck, totalement incandescente dans un ensemble blanc porté à même la peau, fixe bouche bée les jardins de la villa Médicis et ses arbres centenaires. Comment ne pas succomber au charme dégagé par ce lieu et ce festival qui en plein Rome et pour un millier de bienheureux une programmation arty, aventureuse et de haute volée ?
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Villa Aperta porte bien son nom : il est né de la volonté de son directeur Eric de Chassey de faire entrer les musiques actuelles au cœur de la vénérable institution. Un désir légitime qui fit geindre les grincheux : il y a deux ans, certains pensionnaires de l’académie, musiciens contemporains, crurent bon de rappeler à un de Chassey fraichement nommé la mission supposée de la villa via une pétition : continuer de les accueillir eux, et tenir la pop éloignée de Rome.
De Chassey tint bon, et c’est heureux. Car on a vu du bon et du très bon pendant ces vacances romaines. En plus des pop et toujours charmants Chairlift, on put ainsi assister aux retrouvailles de Mick Jones et Rachid Taha pour un Should I Stay or Shoud l I Go d’anthologie, tressaillir de bonheur masochiste en recevant les déflagrations électriques des Anglais de Wire en grande forme, ou encore recevoir en plein cœur la musique sombre et poétique de Michel Cloup. « J’étais le père, je suis redevenu l’enfant », chante l’ex Diabologum et Expérience, faisant planer le spectre d’un drame œdipien sur les jardins et la nuit romaine. Silence dans le public. Sur le dernier titre de son concert, Teho Tardo, musicien expérimental italien, empoigne sa guitare et le rejoint, impulsant des rythmiques post rock, dans la ligné de Slint ou Tortoise, dans la musique de Cloup. Début d’un dialogue passionnant, que l’on aimerait voir se poursuivre dans les mois à venir.
On abordait le samedi (dernier soir), plus electro, avec une pointe d’excitation : comment réagirait la vénérable Médicis aux assauts irrévérencieux des têtes brûlées d’Ed Banger ? Invité de cette troisième édition, le label français s’était adjoint les services de ses compatriotes de Record Makers. En dépit d’un Kavinsky en grande forme, chien fou épique et fantasque qui balança son Night Call à peine calé derrière les platines avant de mettre le parterre romain en ébullition ou d’un Sébastian dictatorial et Gainsbourien en diable, point levé et grande classe, c’est Turzi qui réussit le meilleur live de la soirée. Trippé, psychédélique, transcendante, sa musique, oscillation constante entre célébration d’un monde englouti et annonciation d’un autre à venir prit une dimension sidérante dans le cadre de la villa Médicis. Une heure de pur bonheur cosmique et psychédélique pendant laquelle on se prit à rêver, porté par la clameur de la foule, qu’on ne quitterait plus jamais Rome.
{"type":"Banniere-Basse"}