A l’occasion du programme Vidéo-clips : Face B dans le cadre du 10ème Festival Fnac/Inrockuptibles, retour sur un art qui fait parfois tout pour déplaire.
Par paresse sans doute, par inquiétude aussi, une mauvaise habitude consiste à ne voir dans la vidéo qu’un sous-genre dans le monde très ordonné de l’Image en mouvement, un lieu inférieur aussi bien aux images télé qu’à la production de films cinématographiques (d’ailleurs indifféremment bons ou mauvais, mais ayant droit d’accès au grand écran et à la distribution en salles) : films de famille recyclables en vidéo-gags, fitness sous la houlette de Cindy Crawford, films d’amateurs, vidéos d’artistes enfin que la télévision, quand elle se décide à en montrer, range dans des cases fourre-tout comme les Surprises toujours bienvenues de Canal+ et où se côtoient films d’animation, courts métrages et autres images maigres, pauvres et naines. Il faut dire qu’avec son cortège de sous-formats (super-8, VHS…), ses réseaux réduits, et parfois son goût délibéré pour les défauts techniques (image floue, son pourri), la vidéo ne fait pas franchement d’efforts pour sa propre lisibilité. A moins qu’elle ne cherche précisément à remettre en cause les institutions visuelles que sont le cinéma et la télévision, ainsi que les habitudes standardisées du grand public. D’ailleurs, les vidéastes ne cessent de définir leur propre mode de visualisation : depuis les installations labyrinthiques de Bill Viola jusqu’aux écrans géants et démultipliés de Douglas Gordon, en passant par les sculptures télévisuelles de Nam June Paik ou les pantins désarticulés d’Oursler, la vidéo se donne comme une expérience spatiale, physique et tente d’échapper à la dictature du format (petit ou grand écran) et du spectateur assis.
En même temps que se déroule cette semaine à Genève la 7ème Semaine internationale de vidéo, Les Inrockuptibles proposent dans le cadre de leur festival un programme autour du vidéo-clip : à partir d’un large éventail de pratiques, c’est l’occasion pour nous de montrer à quel point les vidéastes ne cherchent pas à produire des sous-images qui auraient vaguement à voir avec le genre constitué et le produit généralement léché du vidéo-clip tel qu’il apparaît sur MCM, MTV ou M6, mais qui, au final, s’avéreraient indignes d’être vues. Il est plutôt question d’élaborer un regard critique porté sur ces vidéo-clips essentiellement publicitaires, sur leur évident professionnalisme, en parodiant aussi les postures adoptées par les rock-stars et en fustigeant l’imagerie colportée par l’industrie musicale ; mais surtout il s’agit d’inventer le plus simplement du monde un autre rapport, moins complémentaire, entre la musique et l’image, d’offrir au spectateur l’expérience sensible d’un lien souvent plus discordant entre l’oeil et l’oreille.
Les artistes présentés : Alexandre Alfandari, Jim Anderson, Alain Bernardini, Olivier Blanckart, Rebecca Bournigault, Serge Comte, Michael Curran, Yan Duyvendak, Les films Sans Qualités, Thomas Hirschhorn, Véronique Hubert, Saverio Lucariello, Philippe Poirier, Christophe Polard, Pipilotti Rist, Stéphane Robert, Andres Serrano, Alberto Sorbelli, Pierrick Sorin…
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
{"type":"Banniere-Basse"}