Que le premier album d’A.C. Acoustics s’intitule Victory parts (littéralement, “Bouts de victoire”) est une de ces bravades syntaxiques aussi naïvement euphémisante que cruellement opportune. Car s’il s’agit bien ici de victoire, elle ressemble à celle du bègue parvenant enfin à articuler la chute de sa meilleure plaisanterie pour un auditoire parti depuis longtemps se […]
Que le premier album d’A.C. Acoustics s’intitule Victory parts (littéralement, « Bouts de victoire ») est une de ces bravades syntaxiques aussi naïvement euphémisante que cruellement opportune. Car s’il s’agit bien ici de victoire, elle ressemble à celle du bègue parvenant enfin à articuler la chute de sa meilleure plaisanterie pour un auditoire parti depuis longtemps se faire des crêpes. Formé à Glasgow, il y a presque dix ans, sur l’écume frémissante d’une vague noisy-pop qui devait laisser sur la plage toute une flopée de groupes aux guitares trop hâbleuses pour se préoccuper des coefficients de marée, A.C. Acoustics n’aura même pas eu le temps d’atteindre la rive : moins veinard et, soyons honnêtes, franchement moins doué pour la planche que les copains de Teenage Fanclub, le groupe de Paul Campion optait pour une brasse coulée qui, d’égarements identitaires en séparation/reformation, devait l’emmener bien plus loin : vers le fond. Une immersion prolongée qui aura permis à la musique d’A.C. Acoustics d’échapper à toutes les modes, tous les effets de maillot, et dont Victory parts se veut aujourd’hui le journal. Un carnet de bord que l’on ouvre avec ce pincement au coeur que l’on éprouve au renflouement d’antiques épaves : assurément, il y a un jour eu une vie à bord de ces chansons. Celle qui permit à Placebo (sur Ex Quartermaster) ou à Smashing Pumpkins (sur Admirals all) de sortir de l’anonymat indie et à Mercury Rev d’y rester. Mais à force de se nourrir d’elle-même, la musique du groupe a fini par se manger le cerveau et ne plus pouvoir rêver. Et encore moins faire rêver. Car malgré quelques riffs héroïques arrachés à la vase par des guitares-murènes et la présence d’un improbable bric-à-brac d’instruments laissés là par les courants (un violoncelle-scie sur Kill zane, un Hammond qui saute dans les flaques des rythmiques sur High divers ou encore une trompette-sonar sur Can’t see anything), les cales d’A.C. Acoustics n’ont guère que de l’air iodé à servir aux chasseurs de trésors, si ce n’est sur le (beau) ténébreux Hand passes empty, sur le rayonnant I Messiah, am jailer ou sur Stunt girl, single imparable épargné par le sel avec lequel le groupe tient enfin son You made me realise à lui.
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