Sa carrière solo, « Breaking Bad », les Bleus à la Coupe du monde, Stromae et Bashung bien sûr : alors qu’il entame sa tournée française, Gaëtan Roussel se livre.
Pourquoi ce titre d’album, Orpailleur ?
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Gaëtan Roussel – Le mot est arrivé assez tard dans le processus. Il résume bien ce que l’on a essayé de faire : chercher des sons, des musiques. C’est un mot qui claque bien, qui n’est pas commun. Il y a aussi « ailleurs » dedans, et comme j’ai essayé de ne pas faire le même disque que Ginger…
En parlant d’or, que penses-tu de la phrase de Brel : « Mon père était chercheur d’or, l’ennui c’est qu’il en a trouvé » ?
Si on me demandait de choisir entre chercher et trouver, je choisirais chercher. Je mets du temps à malaxer les mots, à les poser, à les chanter.
On te sent beaucoup plus visible que du temps de Louise Attaque… Est-ce volontaire ?
A un moment donné, on a fait moins d’interviews parce qu’il nous arrivait plein de choses et qu’on avait besoin de tout digérer. Aujourd’hui, j’ai grandi, je me sens plus à l’aise, je me prête plus au jeu. Mais je continue à réfléchir à ce que j’ai envie de dire, à la façon d’amener ce que je fais aux gens.
Est-ce que Louise Attaque te manque ?
Je suis né à l’intérieur de Louise Attaque, donc il y a plein de choses que je retiens, qui m’accompagnent. Avec Louise, on cherchait à ce que nos idées se mélangent, à ce qu’on ne fasse qu’un. Oui, ça me manque… mais je ne veux pas être nostalgique, je vais de l’avant. Ça m’accompagne aussi.
On sent une rupture moins franche avec Louise Attaque sur cet album…
J’ai rarement travaillé en rupture. Je peux faire des ponts entre mes deux albums solos et ceux de Louise Attaque. Mais à partir du moment où j’ai commencé à faire des trucs en solo, j’ai cherché des points d’appui différents de ceux de Louise, je ne voulais pas faire quelque chose qui ressemble à ce que je pouvais faire avec le groupe. Les invités, comme Benjamin Lebeau (moitié des Shoes – ndlr), qui n’a pas la même culture musicale que moi, m’ont permis de me décaler et de créer ma propre aire de jeu. Avec Louise, on sortait du folk américain, Violent Femmes, en solo je suis plus allé vers Talking Heads.
Quels albums as-tu écouté pendant l’écriture d’Orpailleur ?
L’album d’Alt-J Δ, que je trouve bien produit, déstructuré quand il faut. C’est réfléchi sans perdre le côté pop. Il m’a donné envie de faire de la musique. J’aime bien Tame Impala aussi, pour l’énergie, c’est frontal. J’aime bien King Krule, Fauve ≠, Petit Fantôme. Mais quand je cite des albums, ce n’est pas forcément pour faire des ponts musicaux directs avec ma musique.
Que penses-tu de Stromae ?
J’aime beaucoup ! J’aurais pu le citer ! J’aime sa démarche, la façon dont il s’inscrit dans son temps, dont l’image fait partie de sa création.
Vous pourriez collaborer ensemble ?
Oui j’aimerais beaucoup ! On l’a évoqué, d’ailleurs…
Quel a été l’apport de Benjamin Lebeau ?
Comme on n’a pas la même culture musicale, on ne met pas l’intensité au même endroit. Nos visions n’étant pas les mêmes, ça ne peut qu’introduire un décalage, ce qui est intéressant. C’est à moi de savoir ce que je ne veux pas et ensuite de découvrir ce que je veux ! Etre en studio avec d’autres, c’est aussi respecter l’histoire qu’eux veulent raconter.
As-tu une préférence entre le studio et la scène ?
Non, mais j’ai appris à appréhender le studio comme quelque chose de très particulier, comme un musicien additionnel. Je ne veux pas penser à la scène quand je suis en studio. Je les sépare pour l’instant. C’est à moi de retrouver ensuite une manière de livrer sur scène ce que j’ai fait en studio. Orpailleur est un album assez produit, je ne peux donc pas chercher exactement la même chose sur scène. Ça me fait appréhender la scène différemment.
Quel souvenir gardes-tu des Francofolies où tu as repris Bashung l’été dernier ?
Beaucoup de densité. J’ai aimé le process, j’ai refait le disque en studio avant d’aller le présenter. Faire la scène avec une scénographie marquée me donne envie de tendre vers ça, moi qui suis toujours allé vers une énergie rock, des lumières rock. Avec Bashung, c’était la première fois que j’écrivais pour quelqu’un d’autre. Tout ça m’a renvoyé à moi, c’est le début de mon aire de jeu solo. J’aime faire des reprises. J’en fais une des Talking Heads par tournée. J’ai repris Psycho Killer, maintenant c’est Road to Nowhere. Et après je sors un album de reprises de Talking Heads ! (rires)
Tu as écrit des musiques de films, notamment pour Delépine et Kervern, tu as un attrait particulier pour le cinéma ?
J’aime le ciné, mais me vendre comme un cinéphile hyperpointu serait mentir. Je suis venu au cinéma par des rencontres et par une belle porte car Delépine et Kervern n’ont pas peur du silence. Ça peut paraître paradoxal mais ça aide quand c’est la première fois que tu fais une musique de film : elle n’est pas là pour boucher les trous.
Il y a des films ou séries qui t’ont marqué récemment ?
Breaking Bad ! Et une série danoise avec une flic dont je ne me rappelle plus le nom…
T’en as pensé quoi de la fin de Breaking Bad ?
Je regarde les séries quand elle passe en France donc je patiente pour l’instant. Parmi les séries que j’aime bien, je peux aussi citer Six Feet under, Dexter. Côté ciné, j’aime beaucoup Kaurismäki. C’est très beau.
Qu’est-ce que tu as lu dernièrement ?
Le dernier livre que j’ai lu, je l’ai en fait relu. C’est Je l’aimais d’Anna Gavalda. Ça raconte une séparation, j’ai trouvé ça vraiment très bien.
Tu suis un sport ?
Le foot… Je ne soutiens pas une équipe en particulier, mais je vais au Parc.
Stromae a chanté l’hymne belge pour fêter la qualification de l’équipe de Belgique, feras-tu de même maintenant que l’équipe de France a passé l’épreuve des barrages ?
Ne leur portons pas la poisse !
propos recueillis par Carole Boinet et David Doucet
album Orpailleur (Barclay/Universal) concerts parisiens le 2 décembre à la Cigale, le 3 au Trianon, le 4 à la Gaîté Lyrique. Puis le 11 à Nancy et le 12 à Strasbourg
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