Avec Vespertine, prochain album équilibriste et apaisé, Björk continue ses odyssées insensées. Mais le voyage est aujourd’hui intérieur, sur une mer d’huile qui peut à l’occasion virer vinaigre. En attendant sa sortie le 28 août, écoute détaillée de ce nouveau coup de maîtresse avec trois morceaux par jour jusqu’à vendredi.
Hidden place
Hidden place, Cocoon’ D’entrée de jeu, dès ses titres, ce nouvel album de Björk évoque le repli sur soi, la pop-music comme position f tale. Et effectivement, dès le premier titre, Björk rappelle un de ses importants traits de caractère, que ses chansons casse-cou et ses frasques ont régulièrement eclipsé : la timidité. Humble, en retrait d’une mélodie qui enchevêtre chœurs célestes et beat aquatiques, Björk donne le ton de son album. ?I’ve been slightly shy?? Sa voix ne sera plus cette fleur poussée on ne sait comment dans un désert de lave noire, beauté maltraitée par une électronique impuissante à la détruire, mais s’épanouira la nuit venue, quitte à parfois s’effacer, dans une luxuriante cohabitation. Oui mais : la puissance effrontée de la musique de Björk survivra-t-elle à cette fin pacifique des conflits ?
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Cocoon
Un paisible fouillis de beats, une comptine synthétique, de la neige à la fenêtre, des bruits domestiques (un des quinze Père Noël d’Islande qui descend la cheminée ?) ? voilà la grande chanson que l’on aurait rêvé d’entendre, enfant, à l’attente des cadeaux de Noël. Une chansons givrée et croustillante comme la poudreuse, une chanson d’enfant pour enfant, six ans d’âge mental, parfaite. Surtout que Björk chante d’une voix remisée depuis l’inoubliable Birthday des Sugarcubes, la quiétude en plus. Un chant susurré, un chant de temps de paix, un chant en suspens, un chant que rien ne menace. Oui mais : la puissance effrontée de la musique de Björk survivra-t-elle à cette fin pacifique des conflits ?
It’s not up to you
On n’appelle pas innocemment le duo Matmos pour gérer la matière rythmique de son album : avec leur science insouciante du détail, leur art du beat minimal, déchiqueté, maboul, les deux Californiens offrent à la somptueuse luxuriance de cette chanson hollywoodienne un passionnant contrepoint. Là, miraculeusement, la hi-fi et la lo-fi dansent une valse à mille temps, pour célébrer cette réunion aussi flamboyante qu’étrange entre l’infiniment petit et l’irrémédiablement grand(iose). Une chanson de réconciliation impossible entre l’electronica la plus microscopique et les plus vastes BO à cordes. Oui mais : la puissance effrontée de la musique de Björk survivra-t-elle à cette fin pacifique des conflits ?
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