Cheveux gris taillés en serpette à la Beckett et regard bleu et franc en noir et blanc, Marcel Kanche séduit le regardeur, auditeur possible, par son absence d’affectation et la sincérité qui se dégage de cette photo qu’aurait sans doute apprécié Henri Cartier-Bresson. Ne serait-ce que par son titre et sa pochette, on sait instantanément […]
Cheveux gris taillés en serpette à la Beckett et regard bleu et franc en noir et blanc, Marcel Kanche séduit le regardeur, auditeur possible, par son absence d’affectation et la sincérité qui se dégage de cette photo qu’aurait sans doute apprécié Henri Cartier-Bresson. Ne serait-ce que par son titre et sa pochette, on sait instantanément que cette lenteur vertigineuse est contagieuse. On entend ici sa voix ciselée, le son du studio, des sonorités chaudes et vibrantes, jouées par les fidèles John Greaves, à la basse, Mino Malan, à la batterie et Nicolas Pabiot aux claviers, rejoints par l’harmonica de Piers Faccini, l’accordéon d’Arnaud Méthivier ou le violoncelle de Vincent Ségal. Artisan du verbe, Kanche habite totalement ses chansons. Il les peaufine depuis un demi-siècle, sans aucun autre effort apparent que celui d’exister pleinement et d’être en harmonie avec lui-même.
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Réalisation de soi rare, Vertiges des lenteurs assemble une matière à la fois dense et légère, décalée et attachante, sincère et murmurante. Rien ne saurait asservir son sens aigu du détail, rencontre du hasard et du silence. Kanche chante les salamandres orphelines’, les membres lourds’, les habits de poussière , l’ocre des terres’ et les ?étoiles qui s’effritent . Sur L’Oiseau ou Petit grimpeur, on retrouve l’écriture nébuleuse de Serge Gainsbourg, dont il est l’héritier le plus doué. Les mots de Si je devais mourir, empruntés à l’écrivain Eugène Savitzkaya, la gravité acoustique de Jamais indemne ou la mélancolie d’encre d’Elle m’en veut illustrent la grâce d’un poète au sommet de son art.
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