Rencontre avec les belges de Venus.
L’expression qui revient le plus chez Venus est n’en faire qu’à sa tête ». Une volonté de liberté totale, de suivre des envies pas forcément convenues ou orthodoxes pour un groupe de rock, d’ignorer toute contrainte, de ne surtout rien faire comme tout le monde.
Ainsi cette musique pop mais concassée, ainsi leur vision de leur art. Venus n’en fait qu’à sa tête mais elle est bien faite, bien pleine. Leur intelligente entreprise de démolition de la pop ? commencée par des compositions tordues, tiraillées entre cabaret et Velvet Underground, disco et ballades, tension et fête, rigidité et gaieté ? est encore intensifiée par l’utilisation d’instruments inhabituels, refusant de répondre aux canons pesants du rock : sur disque comme sur scène, Venus n’utilise que des instruments acoustiques ? violon, contrebasse, percussions, guitare, métallophone. Marc, chanteur : Il y a bien quelques prises branchées par ci par là mais on joue avec des instruments acoustiques et l’ambiance est acoustique. Au départ, c’est une idée qu’on a voulu mettre en pratique juste pour voir. On a voulu oser cela. Au début du projet, on s’était dit que si les gens s’enfuyaient de nos concerts parce que nos morceaux n’étaient pas assez agressifs, impressionnants, mais au contraire lents, et bien ça serait tant pis. On voulait coller à un mode d’expression qui nous ressemble, que l’on connaît, que l’on maîtrise un peu, à partir duquel on peut finaliser des arrangements, créer de la musique. Faire des choses qu’on connaît.?
Venus a bien fait d’oser. Sur scène, l’oscillation musicale est constante entre rigueur et folie. Le violon menace, un orgue grince (In a long moan), deux cymbales giflent violemment l’air environnant. Une inquiétude sourde et ronflante ? qui s’immisce ici à travers la chaleur de l’instrument acoustique, du bois ? précède une intensité quasi électrique. Vénus sur scène invente la puissance sonore sans le bruit, la lumière sans l’électricité. La musique de Vénus passe du fragile au violent , de l’agressif à l’intime. Et atteint une intensité dramatique (Ball room, Out of breath) relayée par le comportement étrangement concentré et théâtral des musiciens eux-mêmes. Tous ont de près ou de loin touché au théâtre, et surtout peuplent leur univers à l’aide d’un scénographe, Patric Carpentier, cinquième membre à part entière du groupe et responsable de ces lumières roses et vertes ajoutant à l’enfièvrement des lieux.
Marc : On a pas mal parlé du côté théâtral de Venus, mais ce n’est pas très juste. Il y a un côté théâtral inhérent au groupe parce qu’on a été proche du monde théâtral. Dans la réalité, Patric entoure le groupe, c’est à dire qu’il met en valeur ce qu’on fait, mais ne fait pas de mise en scène, c’est fort différent.?
Thomas, batteur : Patrick c’est comme un œil extérieur au groupe. Il n’a pas de contraintes musicales. Nous, parfois, on se dit non, je ne peux pas faire ça avec mon instrument, ce n’est pas possible.? Là où lui dit œil faudrait exprimer ça, aller dans cette direction-là.? Dépassement du convenu, richesse des inspirations : Vénus en scène fait de sa musique un film farouche et hanté.
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