Derniers jours pour se rendre à la fabuleuse exposition consacrée au Velvet Underground à la Philharmonie de Paris, The Velvet Underground – New York Extravaganza ! L’occasion de (re)découvrir la trajectoire fascinante de ce groupe unique et fondateur, et, à travers Lou Reed, Nico, John Cale, ou encore Andy Warhol, de s’immerger dans le New York culturel et artistique des années 1960-1970. Pour préparer la visite, nous vous proposons une playlist de dix morceaux incontournables retraçant toute la carrière du Velvet Underground.
Mêlant musique, art, performance, poésie et attitude, l’écosystème unique du groupe explique son aura cinquante ans plus tard. Depuis son surgissement dans la sphère effervescente des années 1960, le Velvet Underground exerce une attraction magnétique à l’intensité croissante.
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Plus le moment de ce surgissement s’éloigne, plus le groupe semble être notre (capital) contemporain, défiant l’usure du temps avec un panache souverain. A défaut de parvenir à résoudre totalement l’énigme de cette persistance (car il restera toujours une part inviolable – et souhaitable – de mystère), l’on peut avancer quelques explications.
Band à part
Il y a ce nom d’abord, Velvet Underground, parfait oxymore, nimbé d’un sulfureux halo de poésie des bas-fonds, agissant sur l’imaginaire à la façon d’un stimulant puissant. Il y a ensuite la brièveté quasi météorique de l’existence du groupe : entre cinq et six ans (de 1965 à 1971), si l’on s’en tient à la formation historique, progressivement dissoute à partir de 1968, et si l’on fait abstraction de l’ersatz terminal de Velvet Underground (maintenu en vie jusqu’en 1973).
Il y a encore, et surtout, l’extrême singularité de son univers esthétique. Apparaissant comme une authentique Gesamtkunstwerk (une œuvre d’art totale), le groupe affirme une identité unique, résolument expérimentale, au croisement de plusieurs disciplines artistiques : musique, art contemporain, performance, happening.
Ce caractère interdisciplinaire et expérimental se discerne avant tout durant la fondamentale période initiale (1965-1968), et plus particulièrement durant la période Factory/Warhol, avec le climax en 1966 – année marquée par de nombreux shows Exploding Plastic Inevitable et par l’enregistrement de l’album à la banane.
A ses débuts, le V.U. ne ressemble à rien de déjà vu – ou entendu. Bien qu’il présente des liens de parenté avec le folk électrique ou le rock psychédélique, il ne s’inscrit dans aucune scène et ne supporte aucune comparaison – la présence de Nico, hiératique sirène germanique à la voix d’ange gothique, accentuant encore le sentiment d’étrangeté. Puisant à la source originelle du rock pour mieux tendre vers un ailleurs aux contours aussi mouvants que fascinants, le groupe s’invente alors un territoire et un idiome autonomes, en prise directe avec le monde de l’art contemporain. De ces élaborations inédites résulte une musique proprement stupéfiante (dans tous les sens du terme…), qui fait basculer d’un coup le rock dans l’ère de la modernité et lui ouvre un avenir riche d’infinies possibilités.
https://www.youtube.com/watch?v=hugY9CwhfzE
Dans le rock, on le sait, le devenir mythique ne s’obtient pas seulement grâce à la musique. Une mort prématurée et/ou violente (si possible à l’âge de 27 ans) peut, par exemple, grandement y contribuer. Un look d’enfer et/ou un jeu scénique du tonnerre sont deux autres critères essentiels. Si les membres du Velvet ont vécu (relativement) vieux, le groupe fait figure de référence ultime en matière de pure présence au monde, ayant imposé – là encore surtout durant la période 1965-1968 – une image d’une coolitude absolue, à base de cuir, lunettes noires et attitude distante. Une image dont, entre autres innombrables disciples, sauront se souvenir et s’inspirer The Jesus & Mary Chain.
Un genre en soi
De manière générale, l’irréductible spécificité du Velvet Underground tient peut-être à cette capacité, suggérée par son nom, de concilier harmonieusement les contraires : à la fois doux et âcre, séduisant et malaisant, lumineux et obscur, primitif et avant-gardiste, glamour et vénéneux, dionysiaque et apollinien, le groupe se révèle profondément ambivalent. Une entité à part, d’une classe indépassable, qui n’appartient à rien d’autre qu’à elle-même.
Comme tous les groupes qui font rupture (Suicide et Kraftwerk en sont deux autres excellents exemples), le Velvet Underground constitue ainsi un genre en soi, servant de modèle aux générations futures et redonnant tout son éclat à une formule un peu ternie (pour avoir trop servi) : souvent imité, jamais égalé.
A retrouver également, notre hors-série sur The Velvet Underground, en kiosques ou sur notre boutique:
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