Au programme : pop postinternet et migrations numériques fantasmées. Le tout en écoute intégrale ici, avant une sortie ce vendredi 13 janvier.
Le temps a passé depuis leur révélation aux Trans Musicales de Rennes en 2013, où l’on s’était dit, en gros : WTF. Martienne et bizarre, inclassable pendant longtemps, la musique de Le Vasco a toutefois trouvé sa forme dans un premier album qui arrive enfin, histoire de démarrer l’année avec les yeux (et les oreilles) tournés vers le futur. C’est que La Transe des oiseaux amorce un vrai parti pris, celui d’une esthétique postinternet (que certains, pour la musique, appellent “internet wave”) assumée sur la forme comme sur le fond.
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Pour bien comprendre, il faut à la fois écouter ces pop-songs chelou flirter avec le r’n’b, l’ambient, les sons délibérément cheapos, le vocoder, les ambiances de jeu vidéo et de pubs détournées, mais aussi regarder les clips publiés ces derniers mois. Davantage qu’un habillage visuel des morceaux, les clips ont mis en image cette question du post-internet en jouant avec ses codes. Il y a donc des collages, des insertions vidéo, des gifs, des trucs pixellisés et plein d’autres choses qui semblent tout droit sorties d’un rêve de robot (ou de cauchemar, selon le mood).
“On a cherché la frontière entre le très naturel et le très artificiel : c’est la faille qui nous intéresse, explique Louise, la front girl du groupe. Internet, c’est le monde dans lequel on évolue.”
Pas un hasard, donc, que Le Vasco revendique l’influence de mecs comme Oneohtrix Point Never, grand spécialiste de la folie futuriste actuellement à l’œuvre dans la musique électronique et de plus en plus dans la pop. Car La Transe des oiseaux est loin de se résumer à un ensemble de bidouillages sonores conceptuels ; il raconte, en fait, les basculements humains en direction des machines, à la fois artistiquement et concrètement, dans la vie et le quotidien individuel.
“Le posthumanisme peut être une idée très belle et représenter un progrès complètement fou, poursuit Louise. Mais au fond, tout ça est peut-être un peu creux, car ce qui reste vraiment, au fond, ce sont des sentiments très humains.” Des sentiments humains exacerbés, au creux de tempêtes synthétiques, dans des morceaux crève-cœur comme Easy Online, dont la deuxième moitié est assez belle pour faire pleurer tous les robots du monde.
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