Du psychédélisme africain de haut vol sur deux recueils turbulents.
On ne sait plus très bien si Egon est historien, archéologue ou simplement DJ. Depuis une quinzaine d’années, pour le label Stones Throw d’abord puis pour son propre label (Now-Again Records), il parcourt le monde à la recherche de trésors enfouis, de l’obscur funk du Kentucky au rock dissident de l’Iran révolutionnaire. Cette fois-ci, c’est le rock d’une Afrique à peine sortie de l’indépendance qu’il découpe en deux compilations.
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La première, Can’t You Hear Me ?, mise en boîte avec le créateur Christophe Lemaire, documente un son garage dispersé entre le Nigéria, la Zambie et le Zimbabwe dans les années 1970 (Ngozi, WITCH…). On y entend le rock des anciens colons anglais passé au crible de guitares grinçantes et de pédales fuzz pointées comme autant de fusils contre les pouvoirs postoccidentaux, ces prétendus fronts de libération, alliances pour la démocratie et juntes aux pleins pouvoirs. Enregistré sur des Revox d’aussi basse qualité, le rock nigérian compilé sur le second projet, Wake up You ! (deux volumes), est tout aussi sauvage.
Effets artisanaux et bricolages en tout genre n’écorchent pourtant jamais la hargne, la soif de liberté et l’énergie de ce peuple rock à peine sorti d’une violente guerre de sécession (Biafra), imbibé du jazz d’Art Blakey, de l’afrobeat du compatriote Kuti et de solos hendrixiens barbouillés de psychédélisme (Theodore Nemy, The Hykkers…). Un rock insolent – où les influences africaines sont paradoxalement peu présentes –, qui nous parle d’une jeunesse mutante, entre influences occidentales et puissantes aspirations locales, saisissantes chansons d’amour et hymnes libertaires solidement saturés.
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