Prisonnier d’un son, des attentes et de recettes, Olaf Hund aurait pu, comme d’autres, débiter à la chaîne des beeps et beats excentriques pour la pub, les jingles ou Stade 2. Pour quelques pièces en or, c’eut été un bien dérisoire sacrifice de talent. Car livré à lui-même, licencié par le grand capital, Olaf Hund […]
Prisonnier d’un son, des attentes et de recettes, Olaf Hund aurait pu, comme d’autres, débiter à la chaîne des beeps et beats excentriques pour la pub, les jingles ou Stade 2. Pour quelques pièces en or, c’eut été un bien dérisoire sacrifice de talent. Car livré à lui-même, licencié par le grand capital, Olaf Hund peut aujourd’hui envisager la musique sans le moindre compte à rendre. Si Valseuses est clairement un disque de caprice, ce n’est jamais celui d’une diva : juste l’album d’un homme en rupture des obligations et des dogmes, qui ne voit vraiment pas au nom de quoi il devrait entourer de barbelés le champ des possibles, se retenir et obéir à la raison.
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Dans sa discothèque, on trouve sans doute Duke Ellington et Ravel, Debussy et Boards Of Canada, Satie et John Barry, Comelade et Eno, Astor Piazzola et Charlie Haden : Olaf Hund, qui emmerde les recteurs, les invite donc tous logiquement dans ce fascinant mille-feuille, sans le moindre respect des calendriers, des hiérarchies et des règles. Fidèle à son ordinateur pour sa concision de chef d’orchestre, Olaf Hund le nourrit ici aussi bien de machines que d’instruments centenaires, de collages Powerbook que de mandoline ou d’accordéon.
Mais Valseuses reste trop vivant, avec toutes les sautes d’humeur que l’art de vivre impose, pour se laisser épingler au tableau de chasse des musiques laborantines : loin des dialogues frigides et universitaires de ce vieux couple que reste souvent l’électro-acoustique, cet album parle aux pieds. Alors bien sûr, ils n’ont pas forcément l’habitude qu’on leur parle sur ce ton, avec cette délicatesse et cette extravagance. Mais que l’on reste allongé ou debout ? ce disque s’écoute à plat ou à la verticale, seul ou à deux ou même trois ?, il est bon de savoir qu’un homme, sans un mot, fasse des mains pour s’adresser aux pieds, sans les imaginer bêtes comme leurs pieds.
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