En octobre dernier, se tenait la 14e édition du festival à Cracovie. Après 48H de festivités, quelques pierogis et trop peu de sommeil, on vous livre nos coups de coeur.
La 14ème édition du Unsound Festival à Cracovie (Pologne) faisait suite à de récentes éditions en Russie et au Tadjikistan. Cette année encore, le festival proposait un line up défricheur avec tout ce que la musique électronique relève de plus excitant et rafraîchissant en 2016.
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Pour le décor, la ville de Cracovie, semblait être un terrain de jeu idéal pour les organisateurs, proposant des lieux aussi inédits que le Forum, une sorte de relique de l’époque communiste avec sa moquette au sol, ses chandeliers ultra-modernes, deux salles et un restaurant dispensant aux ‘ravers’ des mets traditionnels tels que des tartes à la prune et des pierogis (des ravioli délicieux le plus souvent farcis à la viande). D’autres lieux étaient tout aussi originaux comme une ancienne distillerie, un musée d’histoire ou une vieille usine de tabac reconvertie, ces espaces contribuant à rendre ce festival aussi singulier qu’énigmatique.
Jour 1 : BabyFather, Yves Tumor, Teklife, Raime et In The Mouth Of The Wolf
On attaque les festivités au Forum – où se déroule la majorité des shows – avec le concert de Babyfather, nouveau projet de l’indomptable l’Anglais Dean Blunt, qui s’apparente plus à un groupe hip-hop à part entière avec des productions basées sur des rimes grimes, rythmes dub et bruits industriels. Autant l’album pouvait être déroutant, autant le live démontre que Babyfather peut aussi proposer une performance envoûtante, avec l’aide de lourdes basses, et de beaucoup de fumée. D’ailleurs, on aperçoit à peine les membres sur scène et on se laisse porter dans cette ambiance captivante.
Même genre de show cérémonial pour Yves Tumor qui vient de sortir un album très remarqué sur le label PAN. Pour sa performance artistique, Yves est habillé d’une tenue SM, se lance dans la foule et entre dans un état animal, bousculant tout sur son passage.
Plus tard, on est entraîné par le marathon systémique du clan Teklife avec DJ Fulltuno et Traxman, balançant leur footwork extrêmement lourd en basses et vocaux tourbillonnants jusqu’à faire trembler le sol du Forum.
Autre moment fort de cette première nuit, le live très attendu de In The Mouth of The Wolf, groupe composé d’Ancient Methods et Cindytalks : le show se révèle esthétiquement très beau. On attendait beaucoup également du duo RAIME qui a sorti un des albums forts de cette année sur le label Blackest Ever Black, proposant un univers séduisant et organique se rapprochant plus d’un groupe dans la formation live. On n’est pas déçu par la prestation solide du groupe, entre lourdes basse techno et vagues aux sonorités post punk.
Jour 2 : M.E.S.H. , Micachu, Severed Heads, Lexachat, Helm…
Après une première nuit de folie, le réveil est difficile et ce n’est pas évident d’assister à tout ce que le Unsound nous propose au menu du jour ; en plus de concerts, de nombreuses lectures sont proposées. Il y a donc fort à faire à Cracovie, on a à peine le temps d’avaler une Zurek (soupe traditionnelle) pour arriver à l’ancienne usine de tabac afin d’assister au concert de M.E.S.H jouant dans l’obscurité la plus totale. Le producteur arrive avec un équipement très léger (seulement deux CDJs) à proposer une palette de sons très variés, parfois totalement déconstruits et d’autre fois riches en émotions.
On enchaîne au Forum, avec le retour des vétérans de Severed Heads un poil désopilant. On reste très longtemps en compagnie de Don’t DJ qui nous hypnotise littéralement avec ses boucles et ses rythmes tribaux : le producteur allemand trouve le parfait équilibre entre maintenir son audience en état de danse et morceaux expérimentaux orientés techno. Un peu plus tôt, c’était au tour de Micachu d’ouvrir la Room 3, pour un set franchement surprenant, le festival l’a annoncée comme l’une des DJs les plus excitants de Londres, et on se dit qu’ils ont peut-être bien raison.
La pluie s’est arrêtée après 2 jours en continu et on redécouvre la ville dans ses couleurs automnales. On se rend au ICE, sorte de vaisseau spatial ultramoderne, officiellement la philharmonie et lieu de conférence. L’endroit contraste avec les lieux qu’on a pu visiter récemment, mais il semble parfaitement adapté pour qu’on y assiste à des formes plus expérimentales, la salle permettant d’accueillir de la vidéo en grand format et des performances sur scènes. Confortablement installé pour voir Bill Kouligas, en collaboration avec Amnesia Scanner qui présentent leur tout premier live sous le nom de Lexachat. Véritable claque visuelle et sonore où les images se morfondent dans des sonorités électroniques d’une intensité écrasante, construisant un climat de rave strident. Plus tard, c’est au tour d’Helm en collaboration avec l’artiste russe Moa Pilar d’investir la salle avec une performance où se mélangent dans un son ambiant des vidéos étranges d’une Sibérie lointaine.
Dernière soirée au cours de laquelle on entend beaucoup de techno et house dans des versions disons un peu plus classiques avec le Japonais Soichi Terada, ou Antony ‘Shake’ Shakir. On félicitera au passage le festival pour avoir programmé un grand nombre d’artistes féminins, dont la tête d’affiche de la Room 1 ce soir-là : Paula Temple. On salue également la prestation de Forest Swords venu présenter son nouvel album et remplir l’immense salle d’un nuage dub, trip hop et de sa voix pleine d’échos qui viennent caresser nos oreilles.
Quant à la question épineuse de l’after party – tenue au club 89 – on se laisserait bien évidemment tenter. Mais après avoir passé plusieurs heures enfermé dans le Forum, l’appel de l’air frais et surtout l’heure de prendre son avion sonne la fin de cette édition qu’on n’est pas près d’oublier.
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