Tout en dissonances, guitares sémillantes et mélodies étonnamment planantes, les Normands d’Unschooling ravivent la scène post-punk tricolore avec “New World Artifacts”, un premier album sonnant le tocsin des turbulences de l’époque.
Il y est question d’un nouveau monde. Un espace indéfini, incongru, vaporeux. Empli d’artefacts bizarres, de pluies tout droit venues des ténèbres : il y a là comme des effluves de débâcle. Ce monde, c’est celui dans lequel tournoie Unschooling, quintet formé à l’aube des années 2020 dans l’ombre des églises gothiques de Rouen. Aux prémices d’un projet ô combien prometteur, les cinq Normands délivrent un premier album brûlant, New World Artifacts, publié chez Bad Vibration Records.
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Un alliage de onze morceaux aux titres équivoques – Erase U, Brand New Storm, Excommunicated, Trauma – enregistrés dans le studio DIY de l’un de leurs compères, au beau milieu de la campagne normande. Par le son, la vision et la posture, Unschooling entend se tenir à distances des apparats mortifères de l’époque. Ils les perçoivent avec lucidité. Les ingurgitent sans l’once d’un frisson, sans pour autant les digérer. Ainsi s’est façonné l’album, dans une superposition des désenchantements contemporains.
“Ode à l’inattendu”
En une trentaine de minutes d’écoute s’initie une exploration en terres crépusculaires, dès lors pris·es sous l’aile de Vincent Fevrier, Damien Tebbal, Paul Morvant, Marc Lebreuilly et Thomas Fromager. Exploration tout aussi grisante qu’effrénée, avec le péril d’être lâché·e dans le vide comme épée de Damoclès. Si bien que l’écho des sirènes retentit, au loin, insufflant cette sensation de danger parmi les ruines d’un passé qui n’est plus. Loin d’être assommant, New World Artifacts se fait le relais de voix cristallines, délicatement placées sur de solides et profondes basses – tout en crescendos, montées en puissances et cruelles redescentes. Avec, comme fil rouge, une tension qui ne retombe jamais, nourrie de ces guitares aux dissonances obsédantes.
“Ode à l’inattendu”, voilà comment le groupe lui-même parle de sa musique, lui accolant l’étiquette “d’art-rock”. C’est pourtant dans l’écosystème punk de l’époque qu’il semble se jeter à pieds joints – genre qu’il a ravivé et éclaboussé de son identité sonore, non sans rappeler les Canadiens de Cola, N0V3L, Mock Media ou encore des Folly Group, établis à Londres. Un premier album abrasif sans être gras, étonnamment doux tout en étant déstructuré, par lequel Unschooling est parvenu à conjuguer punk et finesse musicale. Oxymore à première vue, épiphanie sensible lorsqu’il atteint nos oreilles.
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