Unreasonable behaviour

Depuis ses débuts derrière les platines de la mythique Haçienda – à l’heure où la house déferlait sur Manchester et l’Angleterre -, Laurent Garnier endosse le rôle d’ambassadeur de la techno française. Animé par la volonté de sortir les bpm de leur clandestinité, il n’a jamais hésité à prêter son visage et ses forces à la scène électronique hexagonale, récoltant en chemin une notoriété sans égale mais négligeant ses propres disques. Premier album timoré, Shot in the dark manquait ainsi notablement sa cible. Plus honnête et conforme à son auteur, 30, son successeur, gagnait en variété mais peu en intensité. De ces deux essais peu concluants, l’histoire retiendra quelques maigres oboles accordées à une cause épousée pourtant depuis des lustres – Crispy bacon, fréquenté sur le dance-floor. Elle pourra vraiment commencer avec Unreasonable behaviour, troisième épisode qui annule magnifiquement les deux précédents. Trentenaire au train de vie plus paisible qu’autrefois, Garnier a su prendre le temps de se poser _ les bonnes questions -et de s’exposer. Pas rangé des platines, il est toujours attiré par la dance-music – sa version vinyle – et les impressionnants morceaux de bravoure que sont The Sound of the big babou ou Dangerous drive s’adressent à cette partie de lui-même qui aime toujours faire danser les foules. Mais, ailleurs, plus qu’aux jambes, c’est surtout à l’âme qu’il parle, dévoilant une partie de la sienne dans une sorte de strip-tease mental souvent émouvant. Mûre et adulte, sa techno ne censure pas sa mélancolie, sa nostalgie. L’album dans son intégralité restera comme un passionnant chef-d’œuvre de la techno, ce genre qui apprend à vieillir en beauté.

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