Sorti du bois, Bon Iver se métamorphose en chanteur casse-cou.
La légende de Justin Vernon, alias Bon Iver, a fait le tour du monde au moment où sortait son album For Emma, Forever Ago : elle racontait l’histoire d’un homme éperdu de solitude, sculptant des chansons en bois brut dans un cabanon enfoui au fin fond d’une forêt du Wisconsin. Cette image d’artisan ascétique aura collé aux godillots d’un songwriter qui avait mieux à proposer qu’une énième variation sur le thème du baladin abandonné, tout nu et tout chagrin. En témoigne ce side-project enregistré avec les têtes chercheuses de Collections Of Colonies Of Bees, qui le sort sans ménagement de son cocon.
{"type":"Pave-Haut2-Desktop"}
Déchirant sa chemise à carreaux de gentil folkeux, Vernon chausse les bottes de sept lieues d’un vrai aventurier du son et du chant, capable de relier les hauteurs éthérées des Fleet Foxes, l’univers hypnotique de Steve Reich et les terres accidentées d’Animal Collective. Quittant les rives confortables du storytelling et du couplet-refrain, démultipliant sa voix dans des choeurs vaporeux, il se laisse voluptueusement ballotter et submerger par les eaux troubles d’une musique où s’enchevêtrent reliefs instrumentaux, particules électroniques et effets sonores. Le résultat, envoûtant, évoque une odyssée intranquille sur le grand fleuve de la musique américaine, depuis sa source ancestrale jusqu’à ses débouchés les plus récents.
{"type":"Banniere-Basse"}