Dotés d’une furieuse réputation scénique qui les précède, les nouveaux romantiques de Glasgow s’appliquent à déconstruire le(s) genre(s) sur un premier album jusqu’au-boutiste et jubilatoire.
C’était en 1964. Les téléviseurs étaient encore en noir et blanc et un certain David Jones, 17 ans, originaire de Brixton et fondateur de la “Société pour la prévention de la cruauté envers les hommes aux cheveux longs”, poussait déjà un coup de gueule devant les caméras de la BBC dans l’espoir d’appeler à la tolérance et de faire changer les normes.
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Depuis la prise de parole à la télévision britannique de ce jeune David (Bowie en devenir), nombreux sont les musicien·nes des générations successives à s’être emparé de la cause, Pavement en tête. Et comme le single Cut Your Hair des Écossais de Walt Disco n’a pas manqué de le rappeler, les mentalités sont encore loin d’avoir évolué, six décennies plus tard. L’heure est donc venue d’apprendre. Mais pour le sextet queer mené par James Potter, apprendre à se découvrir et se questionner, se connaître soi-même et s’affirmer, sous-entend, avant tout, de désapprendre.
Identité fluide
Après s’être formé à l’Université de Glasgow en 2016, avoir multiplié les performances plus que remarquées sur les scènes d’outre-Manche, puis sorti un EP avant-coureur en 2020, Walt Disco dévoile alors un premier album placé sous le signe de la déconstruction, tant sur le fond de la pensée de ses auteurs que sur la forme de sa musique.
Derrière leurs tenues empruntées aux icônes glam comme aux nouveaux romantiques, souvent à mi-chemin entre le Rocky Horror et l’Eurovision, ses productions synthétiques grandiloquentes et la voix saisissante de James Potter, la bande de Glasgow façonne un medium bourré d’influences allant du glam-rock à l’EDM, en passant par la synth-pop et la musique industrielle, pour mieux y explorer son identité fluide, entre outrance théâtrale et romantisme dramatique. Le post-punk des aînés locaux Orange Juice côtoie donc autant les manières de Bowie, Roxy Music et des Sparks, que celles de Klaus Nomi, Nine Inch Nails (The Costume Change et le grandiose Macilent) ou Grimes (Hold Yourself As High As Higher).
Avec Unlearning, les Écossais remodellent une (hyper)pop à leur image : exubérante et libre, mais surtout non-genrée. Avec toujours pour ambition de faire changer les normes.
Unlearning (Lucky Number Music/Bigwax). Sortie le 1er avril.
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