Des retours (Björk, Noel Gallagher), des nouveaux (Foster The People), des Cubains (Havana Cultura), des hybrides (Lou Reed + Metallica), des célébrations (Nirvana) : le meilleur des musiques de la rentrée, troisième partie.
LES FILLES DE L’AIR
Björk
Ce nuage roux sur la tête de Björk, ce n’est pas un renard mort, c’est son cerveau qui a pris feu. Biophilia (“l’amour de la vie”) est moins un album à l’ancienne qu’un projet futuriste : titres conçus par et pour les tablettes numériques, trips co(s)mico-écoloscientifiques, musiques anciennes assistées par ordinateur entre instruments chimériques, choeur de jeunes filles islandaises et dubstep… Qu’on décide ou non de la suivre, Björk continue à avancer, ultime aventurière de la pop en éruption. Sortie le 10 octobre.
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Sur scène en ce moment et jusqu’à l’hiver, Camille n’a pas perdu le fil et funambulise sur Ilo Veyou, un album enregistré en live avec des instruments acoustiques, des influences diverses, des pétages de plombs, des voix de petite fille et des bruits de bouche étranges. Sa bouche a fait du bruit : Lana Del Rey est le vertige glamour d’un été enfin torride grâce à une paire de chansons (et de vidéos) troublantes. Son premier album est annoncé pour octobre, et on l’espère aussi gonflé que ses lèvres. Chute des températures avec Zola Jesus, muse néogoth dont le deuxième album, Conatus (26 septembre), tape en plein dans le mille (Zola).
Elles sont jeunes, blondes, californiennes, copines d’Ariel Pink et disciples de Jesus (option “& Mary Chain” plutôt que Zola) : les soeurs Kaplan, alias Puro Instinct, sortent un premier album, Headbangers in Ecstasy (3 octobre), naïf et fatal, beau comme une suite au Virgin Suicides de Sofia Coppola. Pour entendre le second Florence And The Machine, il faudra s’armer de patience : l’album, à ce jour sans titre, est annoncé pour début novembre. Charlotte Gainsbourg, que l’on a annoncée ces derniers mois en studio aux côtés de Radiohead, Björk ou Peter Doherty, sera elle aussi de retour, le 16 novembre, avec un double live et un DVD.
http://www.youtube.com/watch?v=wZhkfwrxNOc
http://www.youtube.com/watch?v=bs1BNBstU1c
http://www.youtube.com/watch?v=am6rArVPip8
http://www.youtube.com/watch?v=HO1OV5B_JDw
BELLES ET BEAUX BIZARRES
David Lynch
Pour décrire une musique inquiétante et suave, murmurée au bord de l’angoisse ou de l’extase par une femme-fée, on a inventé un adjectif : lynchienne. Sauf que David Lynch fait désormais de la musique et qu’elle n’est pas du tout lynchienne, comme le rappelait son récent single, le technoïde et onirique Good Day Today. Pour retrouver une ambiance délétère et mystérieuse, il fallait écouter la face B, un des quatorze titres composés, produits et chantés par Lynch sur son premier album solo, Crazy Clown Time. Infatigable, David Lynch a également participé au design, notamment du mobilier, d’un nouveau club parisien, le Silencio, qui abritera salle de concerts, cinéma, restaurant et bar. On va se battre pour en devenir membre. Sortie le 7 novembre
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Egalement écartelée entre cinéma et musique, l’étrange et belle Soko sort enfin le 31 octobre son premier album de folk en soie déchirée, I Thought I Was an Alien. Il y a un ovni sur la pochette – c’est elle, à côté de la soucoupe volante. Pas très loin de là, la Canadienne Feist proposera le 3 octobre son cinquième album solo, l’intrépide et baba Metals, où elle continue de saboter avec perversité sa pop angélique. Les charts vont s’en tordre de plaisir. A ces amazones en guerre contre la routine, il convient d’ajouter l’Anglo-Tchèquo-Berlinoise Emika, dont l’album Emika, lui aussi disponible le 3 octobre, dévisse avec une suavité féroce les rouage de l’electropop. Thom Yorke est déjà fan. Après des années d’activisme, le Français Frànçois (pas de blague là-dessus, please) sortira enfin un album à grande échelle, un enthousiasmant et étonnant E volo Love. Accompagné de ses Atlas Mountains, le Charentais de Bristol a signé avec le prestigieux label anglais Domino (Franz Ferdinand, Arctic Monkeys) et a écrit l’une des chansons françaises les plus incroyables de l’année : Les Plus Beaux. Il en fait partie.
http://www.youtube.com/watch?v=RPmTRKB5Bdg
http://www.youtube.com/watch?v=NdxVMJ9UxnM
http://www.youtube.com/watch?v=h65YIvjIV7E
http://www.youtube.com/watch?v=Ka2zpU-za3o
POP DE TRAVIOLE
Foster the People
Vous n’aurez sans doute pas attendu le prochain Festival Les Inrocks Black XS pour onduler des hanches et flotter des synapses sur Pumped Up Kids, tube estival de Foster The People et morceau plus adhérent qu’une bernique supergluée sur son rocher. Vous n’aurez pas à attendre des plombes avant de vous laisser submerger par la suite de la vague que vont soulever les Californiens, auxquels on prédit un avenir à la MGMT. Tordu et malin, cool et excitant, laidback mais savant, à danser dans la ouate ou à rêver la tête à l’envers, leur album Torches est une collection d’imparables joyaux pop qui ne finira sa conquête qu’une fois tous les coeurs renversés.
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Une solution pour ne pas s’enfoncer dans l’ennui en même temps que les cieux virent au grisâtre de l’automne : se plonger le ciboulot dans les terra incognita pop, rock ou autres. Des Français nomades aideront à cette évasion : réfugié en Californie, Woodkid ne promet que le sublime. On peut aussi se laisser béatement caresser par la pop beachboyesque, burtbacharachesque et morriconienne de Zooey, Français d’Angleterre. Avec son nouveau projet Blood Orange, l’ex-Lightspeed Champion ne connaît pas non plus la crise, tabassée par l’album Coastal Grooves, impeccable collection de morceaux racés, 80’s, charnels et tubesques, qui fait tourner toutes les têtes sur son passage.
Têtes qui ne tourneront pas mais s’arracheront carrément avec le nouvel album de Girls : le groupe californien découvre sur Father, Son, Holy Ghost des vents mauvais encore, un psychédélisme brutal. Plus brutal, comme la descente en enfer avec Dirty Beaches, projet de l’élégant et sombre Montréalais Alex Zhang Hungtai, qui collisionne David Lynch, Chris Isaak et Suicide et dont l’album Badlands, les singles (notamment le récent et génial Double Feature, partagé avec l’également fascinante Ela Orleans) et les prestations scéniques furieuses brûlent les âmes. Bonne nouvelle : l’ennui n’existe plus.
http://www.youtube.com/watch?v=SDTZ7iX4vTQ
http://www.youtube.com/watch?v=vSkb0kDacjs
http://www.youtube.com/watch?v=dZzQgWLUT6A
http://www.youtube.com/watch?v=dy545Y1x2mI
AROUND THE WORLD
Havana Cultura
Révolution à Cuba : la musique n’est plus entre les seules mains de vénérables ancêtres gardiens des traditions, parfois si vieux que certains en sont morts. Une nouvelle génération émerge et mélange les genres. On les retrouvera sur le deuxième volume du projet Havana Cultura, produit par l’Anglais Gilles Peterson et enregistré au printemps dernier à La Havane. Autour du piano omniscient de Roberto Fonseca, des chanteuses (dont la délicieuse Danay Suarez), des rappeurs, des instrumentistes bien décidés à faire entrer Cuba dans le XXIe siècle, toutes frontières musicales ouvertes. Sortie le 14 novembre
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Le dialogue Nord-Sud ne date pas d’aujourd’hui, mais de nouveaux projets enrichissent son vocabulaire : à deux, l’Anglais Justin Adams et le Gambien Juldeh Camara se font appeler Juju, et proposent un genre d’afrobilly top groovy qui donne des suées (le deuxième album In Trance vient de sortir). Ensemble, le vibraphoniste David Neerman et le balafoniste Lansiné Kouyaté se font appeler Kouyaté/ Neerman, et leur deuxième album, Skyscrapers & Deities (26 septembre), est un trip d’altitude halluciné. On entend sur un titre la voix d’Anthony Joseph, dont le Rubber Orchestras, tout juste sorti, compresse et fait jouir des décennies d’afro-funk vaudou. Qu’écouter après l’amour ? Les trois rééditions du Nigérian Joni Haastrup, alias MonoMono, imparable afro-soulman progressif, exhumé par l’excellent label Soundway (10 octobre). Et on se calme avec Ibrahim Maalouf, dont le nouvel album, Diagnostic, voit défiler le vaste monde, de l’Orient à l’Amérique en passant par les Balkans, dans le pavillon d’une trompette (29 septembre). Et alors que la cumbia continue à déferler sur la France (avec El Hijo De La Cumbia, album tout frais), on esquissera dès le 27 octobre un pas de tango énamouré grâce à Corazon & Hueso, nouvel album de l’Argentin Daniel Melingo, qui vaut de l’or.
http://www.youtube.com/watch?v=9hfLF3jelQo
http://www.youtube.com/watch?v=UTQprlBAmKQ
http://www.youtube.com/watch?v=JEWMhr9DTYU
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