Ces lettrés de Montreuil offrent un futur tranchant au rap d’ici.
Sonder la scène hip-hop revient parfois à se plonger dans un film d’épouvante. De calmes plats en fausses poussées d’adrénaline provoquées par un matou faisant les poubelles, il faut parfois s’armer de patience pour goûter enfin la frousse. En cet automne, c’est un quatuor de Montreuil qui s’acquitte du rôle de bourreau aux gants coulés dans du poil à gratter. Son nom : La Canaille. Signe particulier : un premier album dont l’intensité devrait prendre plus de temps pour fléchir qu’une canette pour se dégrader.
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Titré avec un sens de la formule digne de celui de La Caution, Une goutte de miel dans un litre de plomb est en effet une double révélation. Celle d’un groupe dont la bravoure instrumentale et la combativité critique tiennent la dragée haute au projet Zone Libre (Ni dieu ni maître, transe orientale zébrée de scratchs découverte il y a deux ans sur CQFD) et celle d’un MC d’une présence vocale à faire blêmir Arm de Psykick Lyrikah (Allons enfants…, reptilien et intimidant, comme l’ombre d’un manifestant se découpant dans un brouillard de fumigènes).
La Canaille n’a toutefois aucun besoin de ces comparaisons querelleuses pour faire valoir sa différence. Une écoute de L’Usine, qui en trois verbes et un rythme industriel suffocant en dit plus sur le malaise au travail que bon nombre de papelards indignés, suffit en effet à voir en ces gars de Montreuil le futur du rap francophone.
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