Pour fêter la sortie de 26 Mixes For Cash, double album compilant le travail de remixeur de Richard D. James alias Aphex Twin, l’Acid Edit de son hit Windowlicker est en écoute en intégralité.
Pas de doutes sur la teneur de l’album : le titre, déjà, annonce la couleur. 26 remixes pour se faire de la thune. A y regarder de plus près, on se dit pourtant qu’Aphex Twin n’a sans doute pas dû palper tant de billets que ça : à quelques exceptions près (Philip Glass / David Bowie, Nine Inch Nails, Gavin Bryars) la plupart des artistes dont il a reformaté les morceaux sont d’obscurs musiciens, la plupart oubliés depuis longtemps.
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De fait, ce nouvel album d’Aphex Twin compile des morceaux réalisés dans l’ensemble dans les premières années de la carrière du bonhomme, et les écoutes répétées du disque trahissent une volonté implicite d’expérimentation débridée. Comme si Aphex Twin, avec les morceaux des autres, se permettait à peu près tout et essayait ses idées les plus saugrenues, mais aussi ses envies les plus pop.
Sur l’élégant Time To Find Me de Seefeel, il transforme ainsi ce groupe indie anglais de seconde catégorie en véritable sous-marin ambient-dub : le son qu’il leur confectionne ici orientera l’ensemble de la carrière du groupe, et le poussera, sur ses quelques albums, vers des retranchements hantés et sombres. L’essentiel, en tout cas, était déjà posé dans ce remix hypnotique.
Ailleurs, Aphex Twin réécrit les morceaux des autres depuis leurs racines : il réinvente ainsi Jesus Jones, groupe de tâcherons heureusement oubliés, mais dont la musique devient, sous la griffe d’Aphex Twin, une sorte de logarithme cosmique et abstrait.
Au final, 26 Mixes For Cash est sans doute l’un des disques les plus pop d’Aphex Twin, les plus immédiatement écoutables : on en retire un plaisir d’écoute, mêlé de souvenirs ludiques. Ici et là, on est désemparé devant son adresse et sa vision : il métamorphose Gavin Bryars et Philip Glass, il embellit Curve.
Surtout, comme sur l’Acid Edit de son tube Windowlicker, il se réinvente lui-même en permanence et au final, cette compilation est d’abord l’une des fenêtres les plus pertinentes donnant directement accès à son cerveau, infesté en permanence par la musique la plus composite qui soit.
Avec l’aimable autorisation de PIAS
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