Les 4 et 5 août la première édition du festival Lunallena se tenait au stade Deferrari à Bandol. Avec une programmation à l’encontre des propositions jazz de la région, Lunallena veut réveiller la jeunesse.
Evidemment, il y a aussi les autres. On ne saurait oublier à Hyères le MIDI Festival, qui programmait cette année Egyptian Lover ou encore Drugdealer. Sans oublier le Festival Yeah au début du mois de juin, l’événement imaginé dans la ville de Lourmarin par le musicien électronique Laurent Garnier. Pourtant, en région PACA, la pop et le rock donnent souvent l’impression d’être les grands genres musicaux oubliés des programmations des festivals locaux. Il serait facile d’accuser l’âge -plutôt avancé- des habitants de la région, ou le fait que le sud est déjà beaucoup sollicité sur d’autres territoires musicaux et aime se complaire dans ses petites habitudes. Il faut pourtant savoir parfois sortir du cadre.Pour éviter la sclérose, pour prouver qu’il peut y avoir de la vie, de nouvelles impulsions, une volonté de faire bouger les choses, de dépoussiérer une image un peu trop cliché de la région qui n’est pas seulement un paysage de carte postale, mais aussi un endroit où des gens vivent, travaillent, s’amusent, et ne se sentent pas forcément concernés par ce qui est actuellement proposé.
Un pari de Nice-Matin
L’exemple le plus probant reste peut-être celui du journal quotidien régional, Nice-Matin. Dans un climat économique difficile pour tous les médias, le quotidien a été repris fin 2014 et avec courage par ses employés. Rien de moins. Et, dans un nouvel élan, pour ne pas laisser la région, ou leur titre, se fossiliser sous une cloche de verre, l’équipe du journal a pris le parti de la diversification et se lance dans l’événementiel, sous l’impulsion de son journaliste musical, Jean-François Roubaud. Tous ensemble, et en impliquant de nombreux acteurs locaux, ils ont décidé de monter un nouveau rendez vous, le Lunallena Festival.
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Le pari était ambitieux, et presque politique. Monter un festival dans une région où les propositions sont (trop) nombreuses, imposer un nouveau rendez-vous, et le choisir d’une couleur diamétralement opposée à ce qui se fait d’habitude, c’était prendre un vrai risque. Pourtant, après une soirée reggae (avec Alpha Blondy en tête d’affiche) qui a rencontré son public, le Lunallena a prouvé samedi qu’il y avait un public, de nouvelles choses à faire, et que rien n’est acquis, même pas les prévisions météorologiques (le vent a en effet différé l’ouverture des portes).
La fièvre Phoenix du samedi soir
La deuxième journée s’ouvrait avec les locaux The Kitchies, avec une pop aussi rafraîchissante que la houle qui secouait vigoureusement les drapeaux. Cocoon, qui à chaque live rappelle qu’il porte bien son nom, proposait lui un road trip musical chaleureux, un sentiment similaire à celui qui nous parcourt quand on part sur les routes avec ses amis d’enfance vers une destination qui n’a aucune importance : tout tient dans le trajet.
Et si Two Door Cinema Club passait la vitesse supérieure d’une voiture lancée sur les routes côtières en rappelant qu’ils sont un excellent groupe live, quasi prêt pour les stades (en tout cas celui de Bandol), les irlandais servaient de parfaite introduction à Phoenix, tête d’affiche de cette première édition.
Avec un concert qui montrait la puissance de leur nouveau disque Ti Amo, sans oublier la bousculade de tubes que le groupe mené par Thomas Mars possède à son répertoire. Appuyé par un batteur grandiose (coeur avec les doigts), le groupe versaillais a réveillé la côte sur au moins deux départements. C’est Vitalic pourtant qui lui a fait convulser les derniers endormis avec un set lumière et beats électroniques aussi addictif que sporadiquement aliénant. Qu’importe : avec sa première édition, le Lunallena Festival a déjà rempli ses objectifs : il y a sur la Côte d’Azur un public, une fureur qui ne demande qu’à se manifester, et surtout des acteurs prêts à briser les préjugés même sur les plages superbes et paisibles de la méditerranée.
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