Un musicien américain vient d’entamer une procédure judiciaire à l’encontre du géant du streaming pour non-respect et atteinte des droits d’auteur. Il lui réclame 150 millions de dollars.
David Lowery, leader des groupes de rock alternatif Cracker et Camper Van Beethoven, a déposé une plainte ce lundi auprès d’un juge de la cour de Los Angeles, rapporte l’AFP dans le Huffington Post. Il y accuse le géant du streaming musical Spotify de ne pas avoir respecté les droits de reproduction mécanique relatifs à l’enregistrement d’une oeuvre (CD, vinyle, etc.). Avec le droit de l’exécution publique (soit quand une œuvre est jouée), il s’agit de l’un des volets des droits d’auteur pour une œuvre musicale.
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Une reproduction « illégale » des morceaux
En somme, ce musicien diplômé en mathématiques et intervenant à l’université de Géorgie reproche à la plateforme suédoise la mise en ligne des œuvres sans en demander l’autorisation aux ayants droits. C’est ainsi qu’il a référencé quatre titres de ses groupes Cracker et Camper Van Beethoven, publiés sans son autorisation et qui se trouvent désormais disponibles auprès des 75 millions d’utilisateurs de Spotify, précise Libération.
La même plainte met également l’accent sur les pratiques commerciales déloyales de la plateforme streaming, stipulant que le système de paiement de celle-ci se montre arbitraire et qu’elle fait « baisser la valeur des droits d’auteur », souligne Europe 1. Un paragraphe du document précise :
« Si le tribunal ne refrène pas le comportement de Spotify, le plaignant et les membres du recours collectif continueront d’être victimes de graves préjudices, qui ne peuvent pas bénéficier de simples compensations financières »
Spotify, toujours critiqué par les artistes
Dans sa plainte, David Lowery affirme que Spotify s’est enrichi à hauteur de 150 millions de dollars. Mais ce n’est pas la première fois que la plateforme reçoit des critiques sur ses modèles de rémunérations. Taylor Swift et Thom Yorke ont souvent mené campagne contre son fondateur Daniel Ek, qui s’en défend. Il expliquait en juin dernier que la plateforme avait déboursé plus de 3 milliards de dollars en droits d’auteur, d’après le site de la radio française.
Une question de rétribution partiellement réglée ?
Spotify a annoncé sur son site pour les professionnels de la musique que la question de rétribution était en chantier, rapporte le site spécialisé Clubic. Le géant du streaming a en effet lancé la création d’une plateforme d’administration destinée aux distributeurs, compositeurs et interprètes. Spotify promet ainsi de résoudre le problème « une bonne fois pour toute » pour le référencement des ayants droits. Le principal engagement se porte sur une rétribution équitable de toutes les parties prenantes de la création musicale, et ce rapidement ainsi qu’en toute transparence.
Toutefois, il est à noter que les rouages de l’industrie musicale se révèlent particulièrement complexes notamment dans les accords de licence entre les maisons de disques et les plateformes de diffusion. Et il arrive que plusieurs artistes ne perçoivent pas leurs redevances (un paiement régulier pour des droits d’exploitation, ndlr). Si Spotify parvient à faire oublier son image négative quant à son mode de paiement des artistes, il pourrait potentiellement redorer son blason et recruter d’autres artistes qui privilégieraient sa plateforme contre une autre. Une tâche difficile.
Spotify en perte de vitesse
Avec un marché complètement saturé d’offres, Spotify peine malgré sa place de leader sur ce secteur. Rien qu’aux Etats-Unis, le service streaming de Apple, Apple Music, a déjà dépassé son rival en terme d’utilisateurs actifs. Selon un rapport publié par l’institut d’étude Nielsen, Apple Music possède déjà 54 millions d’utilisateurs actifs, apparaissant neuvième au classement des applications téléchargés entre janvier et octobre 2015. Pour mémoire, Apple Music a été lancé en juin 2015. De son côté, Spotify n’apparait même pas dans le top 10.
Et bien que le géant suédois conserve une certaine longueur d’avance sur le segment des abonnements payants (20 millions d’utilisateurs premium contre 6,5 millions pour Apple Music), il reste fort à parier que la firme de Daniel Ek s’effacera pour laisser le trône à la marque à la pomme. Un scénario espéré, voire confirmé par plusieurs acteurs du streaming lors du MIDEM 2015 (évènement majeur de l’industrie musicale, ndlr) dont Doug Morris, PDG de Sony Music Entertainment qui déclarait lui-même que « Apple Music [allait] bénéficier à l’ensemble des acteurs de la musique », rappelle Le Monde.
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