Les plages désertiques mais chaleureuses d’un Brestois.
Une des plages – de sable noir volcanique, comme en Islande – s’appelle ici
La Nécessité du calme. Et l’intimité du silence et de la contemplation, Sébastien Roué, l’âme pâle de Quitter Kobe, ne connaît que ça. A Brest, pour une fois,
la mer est étale, d’huile – de mercure. Mais attention : sous ses airs pacifiés, cette eau luisante et plane dissimule une vie intense, grouillante. Comme chez Durutti Column (quand il caresse sa guitare) ou chez Labradford (quand il flotte dans l’espace), Roué n’est pas seulement un dangereux trafiquant d’atmosphères,
il est aussi un étrange mélodiste du peu, travaillant ses samples aquatiques, un plaintif chant mixte et des boucles de cordes avec un goût prononcé pour l’haïku de chansons, réduites à la peau, les os et un cœur tout chaud. “Longtemps muet, bègue, bafouillant, pour te parler, les mots déçoivent…” C’est également
ce que raconte cette musique, qui murmure et suggère plus qu’elle ne dit.