Hier, se déroulait la seconde journée de festival au domaine de Saint-Cloud. On y était, on vous raconte.
Her : le groupe livre l’un des concerts les plus forts que l’on aura vu en 2017
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C’était l’un des rendez-vous du festival à ne pas manquer en cette deuxième soirée : le concert de Her, premier live depuis le décès de Simon, moitié du duo rennais. Le groupe entre sur scène, timide mais déterminé, et débute le show. Les mains se lèvent, et la voix de Victor perce le grand silence qui régnait jusqu’alors. Avec une rage évidente, le chanteur mène le concert sans détour, et se fend de quelques mots entre les morceaux, parfois hésitant et toujours poignant. De Five Minutes (repris en choeur par la foule venue en nombre) à Blossom Roses, le groupe livre l’un des concerts les plus forts que l’on aura vu en 2017. En fin de set, une reprise de A Change Is Gonna Come, que Victor dédie à son ami en expliquant « c’est ce genre de morceau qui nous donnait envie de faire de la musique ». Beaucoup de frissons, quelques larmes versées et un très bel hommage pour l’artiste disparu bien trop tôt. A.B.
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Un concert un peu radin pour le MC Vince Staples
Le rappeur californien n’en finit plus de nous épater avec ses clips soignés (dont le fameux Big Fish), ses collaborations émérites (on lui doit Ascension, sur le dernier disque de Gorillaz) et productions bien léchées, dont son dernier album Big Fish Theory en est un pur produit de rap désenchanté et nerveux. C’est donc un public dense et tout excité qui se presse devant la scène de l’Industrie en ce samedi soir. Seul sur scène, sans aucun backeur, sans aucun décor ni mise en scène, à part des jets de fumées en continu, le show économique se révèle plus qu’ennuyant à regarder ! Quant à son unique interprète, on ne peut vraiment pas dire qu’il mette du sien pour communiquer avec son public de quelque manière que ce soit. Vince enchaîne les titres à toute allure, marquant de temps en temps une courte pose pour fixer son public dans les yeux, presque un peu flippant. Que vous soyez de dos ou face à la scène, dans votre chambre ou à Rock en Seine, honnêtement, ça ne changeait pas grand chose. Son talent est indéniable, son flow d’une justesse glaçante, mais son show un peu radin, nous laisse sur notre faim. A.A.
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Lee Fields & The Expressions : le papi de la soul enflamme la scène de la Cascade
Le sosie (vocal et pas que) de James Brown, Lee Fields, a quant à lui enflammé la scène de la Cascade avec sa soul music et ses précieux musiciens : The Expressions. Avec presque 50 ans de carrière et un long passage à vide, ce vieux routard américain s’offre enfin la tête d’affiche qu’il mérite. Si à ses débuts, Lee rejoint brièvement les mythiques Kool and the Gang, il connait un long passage à vide dans les années 80, le contraignant à bosser dans l’immobilier et à délaisser la musique. Revenant à ses premiers amours dans la décennie suivante, ce soul-man de 65 ans va collaborer avec The Dap Kings (backing band du label Daptone Records, qui a notamment accompagné Amy Winehouse sur Back to Black) ou encore plus récemment… le producteur français Martin Solveig (pour qui il a posé sa voix sur Jealousy et I Want You). Depuis 2009, sa formation réunissant The Expressions, lui redonne ses lettres de noblesse, et à le voir sur scène dans son costume à paillettes jaunes : c’est plus que mérité. Ses tubes Never Be Another Man, Make The World, et Special Night, extraits de l’album du même nom, et paru en 2016, sont de vrais bijoux à écouter avec son (sa) bien aîmé(e) sous les étoiles de l’été indien. Touché ! A.A.
Un show agréable et plein d’énergie pour Little Dragon
Presque à l’heure, les Little Dragon, une bande venue de Göteborg, Suède, ont débarqué sur la scène cascade. Tout habillé de blanc, Erik Bodin (batterie), Fredrik Källgren Wallin (basse) et Håkan Wirenstrand (claviers) ont pris place derrière leurs instruments, en retrait de leur excentrique chanteuse, Yukimi Nagano, positionnée elle, tout à l’avant de la scène.
Ils ont ouvert leur show – relativement court, une quarantaine de minutes – sur fond de pop psyché aux contours électroniques, bourré d’énergie. Un choix judicieux pour réunir le public en un bloc compact, juste en face de la scène, au pied de Yukimi, qui pour l’occasion s’était enroulée dans une robe à froufrou. La chanteuse d’ailleurs bavarde lors des transitions, s’est même fendue de quelques phrases en français, basiques, mais efficaces.
Sous un ciel exclusivement bleu, sans aucun nuage, Little Dragon a distillé coup sur coup, le langoureux et mystique High, Crystalfilm, une ballade electro-pop, ou encore leur Ritual Union, morceau phare du groupe scandinave.
Pour résumer, le public, conquit, s’est bien ambiancé en ce début de soirée, bien aidé – il faut l’avouer – par la musique tantôt électronique, psyché, pop, que ces amis d’enfance ont proposée tout au long de leur concert. Un très bon live qui a fait office de transition réussie entre la fin d’après-midi et le début de soirée. J.S.
The Kills, entre chaud et froid
Vers 20h, c’était au tour des Kills – Alison Mosshart et Jamie Hince – d’occuper la grande scène du site. Devant un public dense, le couple a assuré le show, malgré une certaine distance entre eux deux. Pendant une bonne heure, les Anglais ont enchaîné les titres, tous albums confondus : Midnight Boom, Blood Pressures, Ash & Ice ; sous le ciel couchant et dégagé de la plaine Saint-Cloud.
Jamie Hince, toujours aussi classe, n’a rien perdu de sa dextérité malgré ses lourdes opérations à la main. Une délicatesse, qu’il a, à de nombreuses reprises exhibée, lors de solos très rock, très bruts. Des rifs longs et maîtrisés, comme sur Doing It To Death – notamment -, où l’on a vu l’anglais très à l’aise dans sa gestuelle, un pied posé sur l’enceinte de bord de scène à certains moments, sa guitare levée au niveau du buste à d’autres. Une belle performance.
Alison Mosshart, égale à elle même, a occupé toute la scène, maîtrisé sa voix et charmée. Parfois à la batterie en retrait, d’autres fois à l’avant avec une guitare en poigne, la dame a assuré. Le public a été très réceptif, séduit, et même chaud, pour leur très connu Black Baloon. Une humeur de circonstance en vue de la scénographie, matérialisée sur le haut mur du fond de scène, par trois dessins de volcans en éruption.
En somme, un chouette moment pendant lequel on a pu (re)plonger – plutôt en profondeur – dans l’univers The Kills. Par contre, et malgré quelques jeux de scène significatifs et peu être forcés (?), on regrette la complicité que Jamie Hince et Alison Mosshart transpiraient, l’air moins proche, tout du moins sur ce concert. J.S.
Timber Timbre au beau fixe
En fin d’après-midi, alors que certains festivaliers ont choisi de faire une pause diner avant l’arrivée des grandes têtes d’affiche de la soirée, Timber Timbre débarque sur la scène de l’Industrie pour un live très surprenant. En effet, les quatre Canadiens (la formation classique basse-batterie-guitare-synthés), grands habitués des douces balades mélancoliques, savent également faire grincer les guitares et envoûter la foule. Un très beau moment, malgré quelques petits problèmes de son en début de concert, vite rattrapés par une setlist absolument impeccable qui alternait montées épiques et douceurs mélancoliques. Mention spéciale pour la voix de Taylor Kirk, encore plus intense en live qu’en studio. A.B.
PJ Harvey a littéralement envouté le public de la grande scène
Programmée à la nuit tombée – de 22h à 23h30, l’un des plus longs shows de la soirée -, PJ la belle s’est montrée tout en noir, habillée d’une robe saillante et fendue, bien entourée par sa troupe de musiciens (dans laquelle figure John Parish, qui l’accompagne depuis un bout maintenant). Une foule venue en nombre conséquent se tient prête devant la grande scène, calme, mais pas pour le moins excitée, à l’idée d’écouter la messe que l’artiste est venue donner.
D’abord avec un saxophone à la main, PJ Harvey se lance ; un début aux accents rock, très pur. Les mains libérées et prêtes à se mouvoir délicatement dans les airs, l’artiste enchaîne, sourire aux lèvres. Jusqu’au brûlant Shame, que l’Anglaise interprète avec aisance, elle qui à ce moment est la seule en lumière, cerclée de blanc par un projecteur. À la fin de chacune de ses chansons, le public applaudit chaleureusement, puis s’arrête, attendant presque silencieusement la suite de l’envoûtement.
Lorsqu’elle reprend en fanfare, avec l’ensemble de sa troupe, c’est Let’s England Shake qui retentit – issu de l’album éponyme -, faisant presque sortir les spectateurs de leur enchantement, déclenchant un moment de liesse. Ils y retombent aussitôt, quand la maîtresse de cérémonie propose White Chalk, à l’harmonica. Et il semble toucher à sa fin, quand la chanteuse présente finalement ses musiciens, avant de proposer une version acoustique de Down by the Water. Ça y est, les dernières notes résonnent. PJ et sa bande s’alignent sur le devant de la scène, saluent, et s’échappent un par un. Un faux départ qui a surpris une bonne partie des spectateurs, mais un faux retour aussi, puisqu’ils ne joueront qu’une chanson supplémentaire.
Finalement, en plus d’avoir proposé un large tour d’horizon de ses albums, l’envoûtante PJ a délivré un concert très subtil, faisant danser harmonieusement les couples rock et folk, délicatesse et puissance, toujours mené par ce songwritting dont elle à le secret. Bravo. J.S.
Ana Benabs, Jacques Simonian et Abigaïl Aïnouz
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