Un objet énigmatique qui honnore la pensée du feu philosophe français.
Une construction de sept arcs en inox en forme de V coupés au laser structure un réseau de lignes perpendiculaires recouvertes de lanières de cuir irrégulières. Des lettres apparaissent ici ou là, comme littéralement incisées dans le métal. L’assise est plutôt basse, façon « Barcelona MR90 » de 1929 de Mies van der Rohe, sauf qu’ici le designer Johan Linton n’a nullement cherché à se faire à tout prix l’inventeur d’une forme. En effet, la chaise du Suédois, aussi architecte, ingénieur physique qu’historien de l’art, est avant tout un hommage à Jacques Derrida, en référence directe aux « 52 aphorismes » que le philosophe a consacrés à l’architecture et à la philosophie, ainsi qu’à sa collaboration (vers 1986) avec l’architecte américain Peter Eisenman pour un projet à la Villette ; collaboration qui donnera lieu à moult rencontres et publications autour de la recherche architecturale.
Dans la chaise de Johan Linton, la musique est elle aussi convoquée. Mais piano, violon, lyre ? qu’importe, ici l’inox est acéré comme des cordes, tendues à l’extrême comme une fulgurance de la pensée. Cet objet ouvert, voire énigmatique, est délibérément à des kilomètres de ce que l’on connaît traditionnellement du design suédois : utile, fonctionnel et ouvertement démocratique (Mathsson, Kosta Boda, Ikea). Comme Konstantin Grcic et Björn Dahlström, Johan Linton participe résolumment, via une recherche affûtée, au renouveau du design de ce pays.
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Cet objet est visible jusqu’au 6 novembre 2005 au centre culturel suédois, au sein de l’exposition « home@office.se »
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