Le duo de Nottingham prolonge son combat pour embraser l’Angleterre à grands coups de mines sonores qui exsudent la fureur de vivre.
Écouter un album de Sleaford Mods, c’est un peu comme les préliminaires, une discussion de bistrot ou le réveillon de Noël : on sait exactement comment ça va se finir, mais on prend le temps de profiter de chaque moment, tout excité·e à l’idée de vivre la montée d’adrénaline qui s’annonce.
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Par le passé, le duo de Nottingham a certes proposé des albums plus nuancés, parfois même placé des disques dans le top 10 UK (Spare Ribs). Pourtant, à chaque fois qu’ils s’approchent d’un format pop trop complaisant à leur goût, les deux comparses ne peuvent s’empêcher d’opter pour la radicalité : seuls comptent, au fond, ce punk dépouillé, ces chansons postillonnées et ces textes crachés avec dégoût à la face des politiques. UK Grim n’échappe pas à la règle et forme un baromètre saisissant des failles qui traversent l’époque (guerres, hausse des coûts énergétiques, pays divisés, etc.).
Concepts marketing
Synthèses de cette rage immunisée contre l’arthrite, Apart from You et DIwhy, au milieu d’autres belles mines sonores, apparaissent comme les pièces maîtresses d’un disque qui pue la fureur de vivre, accueille d’autres fines gâchettes (Florence Shaw de Dry Cleaning, Perry Farrell de Jane’s Addiction) et déploie une grammaire percutante, à vif. Celle d’un Jason Williamson soûlé par les concepts marketing qui appauvrissent la langue, mais passé maître au moment de résumer le climat actuel en un slogan : “En Angleterre, personne ne vous entend crier”.
UK Grim (Rough Trade Records/Wagram). Sortie le 10 mars.
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