Etonnamment sobre sur Pop, The Edge commente, morceau par morceau, le nouveau U2 : « Il fallait nettoyer. »
If God will send His angels
Le premier mix que Howie B ait fait dans ce style trip-hop. Il n’y avait plus que le rythme, tout avait disparu. Ma première réaction a été de dire « Mais où est la chanson ? Où est la musique ? » Parfois, c’était un arrachement de retirer toute la musique enregistrée sur les pistes et les mixes définitifs ou d’enlever la trame d’accords qui étayait ces mélodies. On se demandait parfois où partait la musique. Ça a été un grand débat : jusqu’où aller dans le dépouillement ? Au début, j’ai résisté en essayant de laisser un petit peu plus de musique mais, à l’arrivée, j’ai fini par admettre que le plus simple était le plus puissant. Howie B nous a convertis. C’est lui qui a mixé If you wear that velvet dress, If God will send His angels et The Playboy mansion, qui donnent cette sensation d’espace. Ils ont été réalisés vers la fin de l’enregistrement. Avec ces mixes, il n’y a plus de texture, juste le squelette dépouillé des chansons.
Last night on earth
Dans les années 90, la musique se dirige vers des constructions simples et dépouillées et je trouve ça très bien. C’est dû, je crois, à l’influence du hip-hop, du trip-hop. J’apprécie les Fugees et leurs arrangements très saupoudrés. Ça va à l’encontre de la tradition des groupes de rock, de la nôtre en tout cas. Pour nous qui avons toujours créé une musique dense et atmosphérique, composée de textures différentes, c’est un vrai défi.
Miami
Au départ, la musique était très différente. Et puis les paroles de Bono ont redéfini la forme, la structure et le son du mix final. Il cherchait précisément ce côté dérangeant. On a enregistré le disque à Miami et on a fait l’expérience de cette ville, qui est une forme d’utopie : le climat est parfait, les bars sont parfaits, les filles parfaites, des plages parfaites, mais il y a quelque chose de bizarre qui se déroule à un autre niveau… Je vois ça comme un échantillon de tourisme créatif. On a fait un petit Polaroid de ce lieu.
If you wear that velvet dress
Certaines chansons ont été écrites dans une tonalité assez sombre. Bono travaillait sur celle-ci depuis quelque temps. Elle a pris forme seulement au moment où on enregistrait. Notre précédent album, Zooropa, avait été enregistré au petit bonheur et vite d’où son charme. La tournée Zoo TV nous avait donné une espèce d’élan et avait fait naître des idées. On ne disposait pas du tout de chansons préparées à l’avance. Notre idée de départ était de travailler vite, sans être trop sérieux ou pointilleux. Un de nos points forts a toujours été de travailler longtemps, jusqu’à ce qu’on soit satisfaits du résultat. Parfois, aussi, ça se sentait un peu trop.
The Playboy mansion
Une sorte d’hymne pop. On fait référence aux icônes de la culture populaire. Sans vouloir sonner moraliste, c’est une mise en boîte comique des choses actuelles, avec un humour très désabusé.
Please
Pendant un an ou deux, jouer de la guitare ne m’inspirait guère. Je m’orientais vers des sons de plus en plus abstraits et laissais moins l’instrument sonner naturellement. Travailler les claviers et le piano m’a plus inspiré pour l’écriture des chansons et la recherche des sons. Mais à présent, je pense avoir bouclé la boucle : je décroche ma guitare et je découvre des sons que je n’aurais probablement pas appréciés voilà un an ou deux. L’essentiel de ce qu’on a fait, dans ce groupe, est né de la passion et de l’instinct. Si on se repose sur de vieilles habitudes, ça décourage l’inspiration et tout devient du savoir-faire et de la technique. Ça n’a plus rien à voir avec l’esprit de découverte ou l’inspiration. Je ne saurais pas dire ce qui m’a fait boucler la boucle, peut-être suis-je simplement arrivé au terme de l’abstraction. Je vais probablement aller vers plus de pureté à l’avenir.
Wake up dead man
A l’origine, une chanson que j’avais écrite pour Zooropa. La version enregistrée avait un arrangement trop épique, avec un son de guitare très lourd et des distorsions. Ça ne collait pas avec les paroles. Mais j’aimais beaucoup la chanson, alors Bono et moi avons essayé de la déconstruire. On a fait l’arrangement inverse, en gardant l’ossature de la mélodie et le minimum qu’il fallait pour que la chanson tienne.
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