Un double album ensoleillé aux vapeurs psychédéliques jouissives. Critique et écoute.
A la mort de Jay Reatard il y a quatre ans, Ty Segall avait un peu été intronisé roi du garage US par défaut. Le jeune Californien a depuis cherché à se détacher de cette étiquette un poil encombrante et réductrice, notamment en publiant des disques à un rythme effréné (plus d’un par an, à l’instar de son “mentor” John Dwyer, des Thee Oh Sees) et en allant bouffer à tous les râteliers rock, du garage-punk échevelé de Slaughterhouse au folk dépouillé de Sleeper, paru l’an dernier. C’est donc sans surprise que le double album Manipulator, enregistré dans des conditions inhabituelles (c’est-à-dire en passant près d’un mois sur la production – une aberration quand on connaît le garçon), se présente comme l’esprit de synthèse et le grand oeuvre de Segall. Avec des morceaux qui commencent comme sur une compilation Nuggets puis se transforment en rock à la Alice Cooper (The Connection Man), embrassant dans un même élan Beatles et Black Sabbath (donc Nirvana), Hawkind et Love, David Bowie et The Pretty Things, l’album se paie même le luxe de convoquer les copistes 90’s comme Kula Shaker (Mister Main).
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Revival de revival de revival ? Manipulator, s’il n’échappe pas à l’écueil catalogue des précédents albums (depuis toujours le péché mignon de Ty Segall), a pour lui le mérite de la fraîcheur et de l’immédiateté, et fait montre d’une maîtrise et d’une efficacité par endroits ahurissantes (impossible de résister à la tornade Feel). On se surprend au final à se repasser en boucle un album qui aurait pu être parfaitement indigeste mais qui se révèle en fait absolument jouissif. Ce qui est tout de même une gageure.
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