Les récents extraits du troisième album de Twin Shadow paraissent à mille lieues de ses premiers essais – témoins de la déchéance de l’artiste américain.
George Lewis Jr. débutait le projet Twin Shadow en plein cœur des noughties, exalté par l’effervescence de New-York et de ses environs, au détriment de Mad Man Films et de Boston, qu’il fuyait aussitôt. L’artiste américain – dominicain d’origine – s’attelait à la production d’un essai étincelant (produit par le bassiste de Grizzly Bear), empli du charme des eighties et de la new wave, dont il épouse les formes voluptueuses. Forget se limitait au cadre de la nostalgie, du romantisme, à des mélodies et des textures synthétiques, artificielles, produites à partir d’instruments et d’outils chimériques – sans paraître en deçà, sans estomper la beauté et l’attrait du lo-fi.
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Twin Shadow enregistre les onze pistes de Forget dans une chambrette d’un appartement de Brooklyn, profondément marqué par les expériences des années précédentes, celles d’une époque mouvementée : une rupture douloureuse (laquelle aura inspiré les lyrics de Slow), le refus d’admission à la faculté de musique de Boston, les troubles d’identité (liés à ses origines dominicaines, à sa nationalité américaine) et les doutes obsessionnels – lesquels l’incitent à se remettre en question, à délaisser la musique et fuir en Europe, abrité au cœur des capitales allemande et danoise.
« Cet album fut essentiellement lié à tous ces souvenirs. Il les a ravivés avant de les faire disparaître à jamais. » – Twin Shadow, dans une interview accordée au magazine Pitchfork.
Forget constitue la catharsis, l’expression des pensées et des émotions de George Lewis Jr., qu’il révèle au travers de délicieuses sonorités diaphanes (When We’re Dancing, At My Heels, Castles In The Snow), empruntées çà et là aux discographies des Smiths et de David Bowie.
Confess lui succède en 2012. Twin Shadow expose ainsi son œuvre, un produit d’une ambition illimitée (laquelle semble le dépasser par moments), exprimée à travers un large spectre d’influences et d’obsessions, étendue aux codes de son époque et du siècle dernier. Autant de raccourcis, d’éléments prévisibles et grandiloquents, d’envolées lyriques enfermées au sein de ce deuxième album. Ceux-ci constituaient – à l’exception de certains titres, notamment Five Seconds et The One – les prémices, les signes prémonitoires du déclin de Twin Shadow. Lorsque l’artiste paraît de nouveau en 2013, à travers la publication de To The Top (lequel précède Old Love / New Love et Turn Me Up, dévoilé aujourd’hui même), ses compositions se sont appropriées les aspects emphatiques du précédent essai, se révèlent insipides, dénués de charme et d’originalité.
La musique de George Lewis Jr. a perdu de sa spontanéité, de sa simplicité déconcertante, de sa fragilité. Twin Shadow évolue désormais au sein de Warner Bros. L’artiste américain délaissait ainsi 4AD et Terrible Records, n’étant parvenu à surmonter un tel désir de gloire et de notoriété. Ce nouvel extrait devrait figurer au tracklist d’un troisième album (Eclipse, à paraître le 17 mars prochain), un essai que l’on craint dès à présent ; en témoignent les créations récentes de l’artiste américain, à l’écoute ci-dessous.
http://youtu.be/fqdvHxdeJjQ
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