Cette fois, c’est certain : une caisse de vinyles de new-wave a échappé à un cargo anglais dans les années 80 et a dérivé jusqu’à une plage de Brooklyn, où des chevelus maigrelets et crispés les ont découverts il y a deux ans. Comment, sinon, expliquer cette soudaine passion des jeunes groupes new-yorkais pour ces […]
Cette fois, c’est certain : une caisse de vinyles de new-wave a échappé à un cargo anglais dans les années 80 et a dérivé jusqu’à une plage de Brooklyn, où des chevelus maigrelets et crispés les ont découverts il y a deux ans. Comment, sinon, expliquer cette soudaine passion des jeunes groupes new-yorkais pour ces chansons ténébreuses et tendues ? Les gandins d’Interpol, garçons instruits et cravatés, parlent cette langue sans accent, avec cette nervosité, cette roideur et cette fragilité qui firent les beaux jours du label Factory de Manchester.
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Et pourtant, curieusement, jamais Turn on the Bright Lights ne se réduit à un exercice de style autour des eighties. Déjà parce que la voix et la guitare de Paul Banks ne pourraient décemment pas simuler cette urgence, cette bagarre physique contre un spleen qui ne demande qu’à ankyloser le centre nerveux de ces chansons pressées. Ensuite parce que derrière l’image chinée du côté de la vieille classe eighties des jeunes gens modernes, on sent ce groupe ingénu, vierge de pose et de second degré.
Ça n’excuse certes pas que cet album tourne régulièrement en rond ou que la moitié de ses titres aient dépensé tout leur budget sur les ambiances dramatiques, sans garder un penny pour le songwriting. Ça n’excuse pas non plus cette impression constante d’avoir déjà fréquenté, dans une autre vie, Turn on the Bright Lights. Mais bon ? n’oublions jamais qu’à l’époque où on adulait les groupes qu’Interpol découvre aujourd’hui, on trouvait particulièrement odieux les radoteurs de la rock-critic, qui claironnaient du haut de leur chaire qu’Echo & The Bunnymen avait tout volé aux Doors, les Smiths aux Byrds et Joy Division aux Stooges. L’Histoire n’est pas une matière obligatoire.
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