Douze morceaux et autant de façons d’aborder l’un des plus grands tabous de notre société sur “Presents… Dead Club”. Tunng chante la mort et c’est très beau.
On trouve à la fin des crédits du nouvel album de Tunng une petite phrase qui résonne tout particulièrement à l’heure où nombre d’entre nous sont confronté·es brutalement à la mort : “Dead Club is dedicated to anyone who is grieving.”
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Le deuil, l’absence et le manque de ceux et celles qui nous quittent, le juste avant, le juste après, autant de problématiques auxquelles le groupe anglais a décidé de se confronter avec Dead Club, un projet d’envergure autour de la mort qui comprend, outre le septième lp, une série de huit podcasts dont des extraits sont intégrés directement aux compositions et dans lesquels philosophes, médecins légistes et artistes livrent leurs réflexions sur un sujet resté tabou dans notre société, alors qu’ailleurs il est parfois placé au centre de la vie.
Poussant le concept jusqu’au bout, Ashley Bates a imaginé une grille d’accords de circonstance en ré, mi, la, ré (soit “D E A D” selon la notation anglaise) qui sert de fil rouge à l’album et lui donne une couleur particulière, une trame d’ensemble sur laquelle Tunng tisse ensuite un linceul imprégné de tristesse, mais aussi de joie et d’amour. On est happé·e d’entrée dans ce vortex conceptuel, pris·e entre les notes d’un piano qui résonnent au plus profond et une boucle électronique hypnotique : Eating the Dead revisite la tradition mortuaire des Wari, peuple amazonien qui mange ses défunts pour en libérer l’esprit.
Envisager la mort autrement
Sam Genders en fait un festin de souvenirs autour des mots du philosophe britannique Anthony Clifford Grayling, affirmant que l’on n’expérimente la mort qu’à travers celle des autres. Un peu sonné·e par cette introduction de plus de sept minutes, on poursuit l’écoute, naviguant dans les eaux d’une folktronica qui a parfois la profondeur insondable d’un océan de chagrin (Carry You, Tsunami, Fatally Human), parfois la légèreté de la voix tendre de Sam Genders, nous appelant à envisager la mort autrement (Death Is the New Sex, A Million Colours, The Last Day). Et c’est la grande réussite de Tunng que d’avoir créé une œuvre jamais déprimante, mais au contraire inspirante, une ode à la vie avec et sans ceux et celles que l’on aime.
Presents… Dead Club Full Time Hobby/PIAS
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