Cette chronique s’ouvrira par un puéril mais jouissif “cocorico !” Le Français mR. Neveux est en effet une des premières signatures de Milk, nouveau label satellite de la bande à Pip Diaz, le mentor décontracté de Cup Of Tea. Caché derrière cet énigmatique patronyme, ce mR. Neveux ne se prénomme sans doute pas Rémi : […]
Cette chronique s’ouvrira par un puéril mais jouissif « cocorico ! » Le Français mR. Neveux est en effet une des premières signatures de Milk, nouveau label satellite de la bande à Pip Diaz, le mentor décontracté de Cup Of Tea. Caché derrière cet énigmatique patronyme, ce mR. Neveux ne se prénomme sans doute pas Rémi : lui ne manque pas de famille. Au contraire, il fait sans doute partie d’un jeu de sept descendances déclinable à l’infini, où son grand frère pourrait être 3D de Massive Attack ou Fatboy Slim, où son père pourrait prendre les traits de James Brown et, dans un morphing limpide, adopter rapidement le visage hilare de Jean-Jacques Perrey. Bref, mR. Neveux a en lui du sang de toutes les couleurs, à la fois prolo du groove et aristocrate de la pop. Et si son premier essai s’intitule Tuba, c’est pour souligner l’importance d’un objet bien utile quand on se plaît à plonger très profondément. Ici, il se rend rapidement indispensable pour pouvoir respirer dans ces eaux troubles où l’on peut croiser des poissons bizarres, des coraux bien piquants, des jolis coins d’ombre et un mR. Neveux omniprésent mais insaisissable. Telle une anguille, il tente et arrive à échapper à tous les filets, à toute privation de liberté de jouer. Même le couperet sous la gorge et les branchies en danger, on voit mal ce mammifère amphibie trahir sa cause biscornue et sa collection de disques hauts en couleur pour adopter une trajectoire rectiligne. La ligne droite ne sera pas ici le moyen le plus simple pour le débusquer : cet amateur d’ivresse choisit le fromage et le dessert, préfère la danse et les mélodies, avec, pour les servir, des instrumentations denses, des samples iconoclastes et des claviers ludiques. Adoptant une organisation empirique copiée sur un système de poupées russes perverti, ses morceaux n’ont parfois ni queue ni tête. Témoins, Malcour s’éclate à Oswald twistle ou le groove psychédélique de Funk me à mettre séance tenante dans les mains de n’importe quel DJ de la Big Beat Boutique. Sur The Lesson, jolie leçon de navigation et de dinguerie, c’est du rock coupé en tranches qui se transforme en funk irrésistible, preuve de l’absence de tout plan de route contraignant chez un marin taillé pour les échappées en solitaire.