A quelques jours d’une soirée anniversaire pour son dixième anniversaire (au Rex à Paris le 29 janvier), le groupe de rap français annonce son retour sur disque et se livre dans un entretien bilan exclusif (crédit photo : M/P/Y avec Nunettes Vintage)
Justement c’est quoi le patrimoine de TTC, qu’avez-vous le sentiment d’avoir apporté tout au long de ses 10 ans ?
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Cuizinier : Hé hé je pense que si on te le dit vraiment on va passer pour des gros enculés.
Teki Latex : Ah ah ah (rires)…
Cuizinier : On a tout fait avant tout le monde, et tout au long de l’existence du groupe… En groupe comme en solo d’ailleurs…
Teki Latex : Ce n’est un secret pour personne, mais qui a commencé à mélanger la musique électronique et le hip-hop à part nous. La Caution on peut dire. DJ Mehdi un peu aussi, quand il a commencé à s’acoquiner avec Thomas Bangalter de Daft Punk. Nous on l’a fait d’une certaine manière, ça a influencé beaucoup de gens derrière. Autre choses : les gens qui se revendiquent un peu hip-hop et un peu nerd en même temps, ce qui correspond à Kanye West aujourd’hui, eh bien c’est un truc qui nous caractérise depuis longtemps. On a préfiguré ça un peu.
L’autotune qu’on entend partout dans le rap aujourd’hui, de Kanye West à Lil’Wayne, c’est TTC aussi ?
Teki Latex : Quand j’ai fait de l’autotune sur mon album solo, on s’est foutu de ma gueule. Aujourd’hui personne ne se moque de Kanye West. Le coup du rappeur qui fait un album de pop, je l’ai fait il y a un an et demi et à l’époque j’en ai pris plein la gueule. Alors que pour Kanye West tout le monde crie au génie. Mais ce n’est pas pour ça que je vais dire que j’ai inventé Kanye West, je ne suis pas complètement débile non plus. Mais j’ai l’impression, même si on a pas tout inventé, qu’on a fait des trucs au moment où ce n’était pas accepté. On ne s’en sort pas trop mal au final, quand les gens évoquent les mélanges entre le hip-hop et la musique électronique, ils parlent souvent de TTC… On n’est pas millionnaires, mais on a ça, c’est notre petite fierté.
Est-ce que vous concevez encore TTC comme un groupe « underground » ?
Teki Latex : En termes monétaire oui (rires)…
Tido Berman : On l’est aussi par ce qu’on ne passe pas sur les radios, il faut se le dire.
Cuizinier : On a évolué mais on a jamais « changé » dans notre musique. Donc en ce sens on peut dire qu’on est restés « underground » oui.
Teki Latex : A un moment donné c’est un mot qu’on ne voulait plus entendre. Je crois qu’au fur et à mesure j’ai un peu oublié ce que ça veut dire. Par exemple aux Etats-Unis si tu n’es pas Lil’Wayne tu es underground, en regardant simplement les ventes de disques. Snoop a vendu 300 000 albums de son dernier, il est presque « underground » (rires)…
Comment avez-vous vu évoluer l’industrie de la musique ces dix dernières années ?
Teki Latex : On est moins optimiste qu’à une époque, mais on fait comme si de rien n’était et on continue à faire comme on disait dans Bâtards sensibles : « de la musique pour la radio qui n’existe que dans notre tête ». On vend vachement de disques dans notre tête, et je crois qu’il faut surtout continuer à faire ça…
Cuizinier : C’est la merde quoi… Mais c’est excitant aussi de voir comment on peut s’en sortir.
Teki Latex : C’est la merde mais je n’ai jamais gagné autant d’argent qu’en 2008. Il faut se réinventer. Moi je fais des DJ set, je fais des freestyles sur le net pour faire grossir mon buzz. Moi ça me fait du bien cette crise (rires).
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