Rugueux et abrasif, le punk-rock de la formation australienne fascine sur un second album plus complexe et riche en nuances.
Après un silence d’à peine un an, Tropical Fuck Storm est de retour par la grande porte – que les Australiens ont visiblement pris plaisir à défoncer. Et c’est peu de le dire, tant leur musique n’a rien perdu de sa radicalité, de son intensité et de sa folie. Car oui, Braindrops reprend les choses là où A Laughing Death in Meatspace les avait laissées : en désordre, dans un immense foutoir au sein duquel traînent probablement de vieux disques rayés de Fugazi, des Slits ou de Townes Van Zandt.
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Des prises de risque inattendues
Impossible d’imaginer le groupe mené par Gareth Liddiard et Fiona Kitschin, déjà à la tête de The Drones, avoir davantage de sympathie pour le monde alentour. Fake news, théories du complot, misère sexuelle, société de contrôle : Tropical Fuck Storm pose ici un avis sur de nombreux sujets, et le fait généralement en crachant par terre, avec une rage et une insolence qui collent à la perfection à ce post-punk magnétique, délicatement bruitiste (The Planet Of Straw Men) et presque systématiquement taillé pour les beuveries dans les rades miteux.
Sauf que Braindrops, c’est là toute sa beauté, n’est pas seulement composé de titres gonflés aux hormones, animés par les watts et censés provoqués castagnes et pogos dans des salles obscures : c’est aussi et surtout un disque qui a le goût de la théâtralité et du romantisme, qui multiplie les changements de ton et de voix, qui sait se délester de ses guitares abrasives et calmer les ardeurs du chaos ambiant pour s’afficher au bord de la rupture.
A l’image du diptyque Maria 62 et Maria 63, deux titres placés judicieusement en plein cœur et en conclusion de ce deuxième album, probablement dans l’idée de s’extirper du vacarme des distorsions et d’offrir à ce Braindrops des prises de risque inattendues. Une bonne nouvelle, forcément, tant ces deux morceaux permettent à Tropical Fuck Storm de trouver ici son point d’équilibre, jouant à merveille (et avec un certain irrespect) sur les nuances, débordant de sensibilité et laissant apparaître un sens du refrain vicieux, de ceux qui prennent par surprise et suscitent vague-à-l’âme dans le cœur de l’auditeur, forcément addict.
Braindrops (Joyful Noise Recordings/Differ-Ant)
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