Le duo originaire de Montreuil sortira son nouvel Ep “2020” en mars, et sera en concert le 16 février à la soirée Inrocks Les Bains – Paris avec Josman et Myth Syzer. Leur rap aérien, noir et empreint de psychédélisme est l’une des sensations hip-hop du moment.
Vous êtes souvent présentés comme des héritiers de PNL, mais vous faisiez ce type de sons très planants, aériens, avant qu’ils n’explosent non ?
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Sanguee – On a toujours fait de la musique lente, planante, sans vraiment savoir ce qu’on faisait réellement. Après, les gens ont mis le mot cloud dessus. On a toujours apprécié écouter des sons dans un état second. C’est plus agréable d’écouter des sons lents en fumant. L’idée initiale, c’était de faire de la musique qui se prête à ça. Puis c’est devenu plus émotionnel, on a grandi dans ce truc.
Momo Spazz – C’est aussi venu par envie d’évasion, par envie de nouveaux horizons. J’étais toujours baigné dans l’idée de quitter son monde, sa monotonie… C’est notre culture. J’ai grandi en écoutant du rap américain, mais aussi de la musique électronique comme la Dj Falcone, Alan Braxe ou les Daft Punk. C’est ce mélange qui donne notre musique.
Sur ce nouvel Ep, il y a un titre nommé Eau frais. Votre précédent Ep s’appelait Eau mx, le premier Eau calme… C’est quoi ce délire avec l’eau ?
Sanguee – L’eau c’est la puissance, c’est vital. Ça prend plusieurs formes.
Momo Spazz – C’est transparent, c’est pur. C’est profond dans tous les sens du terme.
Sanguee – C’est sans limite, ça peut détruire comme ça peut donner la vie.
http://www.youtube.com/watch?v=T3VzjkTPXKM
Appeler votre Ep 2020, c’est pour anticiper le rap du futur ?
Sanguee – C’est surtout une esthétique. Il y a une idée rétro-futuriste derrière ce titre.
Momo Spazz – Ce projet, c’est notre vision de ce que sera 2020.
OK… C’est-à-dire ?
Sanguee – (rires) C’est abstrait, c’est sûr. On est pas mal là-dedans. Aujourd’hui, le monde change en six mois. On fantasme le futur.
Momo Spazz – Dans le choix des prods, dans la manière de rapper, on a vraiment cherché à passer un cap, à digérer toutes sortes d’influences et d’inspirations. On s’est focalisé sur nous en voulant faire un Ep qui puisse encore cartonner en 2020.
Sur tous vos projets, il y a, à un moment donné, des inspirations orientales, ou un couplet en arabe, chose relativement rare dans le rap français actuel…
Sanguee – J’ai grandi bercé par la musique orientale, mes parents sont nés au Maroc. Du chaâbi, du gnawa… Mais ces influences sont venues à moi tardivement. C’est une signature. Ca n’est pas de la musique de mariage, c’est bien plus froid. Et puis il y a une magie quand on entend une langue autre que du français ou de l’anglais. J’adore écouter de la musique hollandaise, que je ne comprends pas. Ça fait travailler l’imaginaire.
Vous parlez moins de drogue dans cet Ep que dans les autres, non ?
Sanguee – C’est vrai. Quand on le faisait, très peu de gens s’y étaient mis en France. On était dans la translation de ce qui venait des États-Unis, on avait 16-17 ans, on était dans le truc. On a juste grandi. Je n’arrive plus à écouter des types qui disent : “Je suis défoncé, je suis sous codéine toute la journée”… Je préfère parler de la vie.
Vous disiez dans une précédente interview : “T’es plus un bonhomme en te mettant à nu qu’en te créant un personnage.” C’est-à-dire ?
Sanguee – Franchement, si demain on veut passer pour les mecs les plus thugs du 9-3, on peut le faire. On fait un clip avec des armes, on rameute du monde, des voitures, des faux schmitts… Mais pour être plus sensible dans ses sons, il faut s’assumer. Parler de ses failles c’est plus difficile que de se déguiser.
Momo Spazz – On accorde beaucoup d’importance à l’authenticité, c’est la base de toute relation, de toute fondation. Il faut être vrai dans la vie, et on essaie de l’être au maximum dans notre musique.
Que pensez-vous de ce retour du spleen dans le rap, auquel vous contribuez ?
Sanguee – Quand t’es jeune, la vie est compliquée, il y a mille pièges dans lesquels tu peux tomber, parfois tu tombes dans plusieurs pièges en même temps… Et quand t’es un jeune de cité, c’est encore plus compliqué.
Momo Spazz – Le contexte social, politique fait que beaucoup d’artistes et de rappeurs reviennent à l’essentiel. A la base, le rap est un spleen, c’est une musique qui dénonçait les conditions de vie dans les ghettos.
On a presque envie de qualifier votre rap de psychédélique. C’est un terme qui vous parle ?
Momo Spazz – Nos inspirations sont comme ça. Ce rapport à la modifications des choses, l’utilisation de l’auto-tune, il y a quelque chose de psychédélique, oui. On n’est pas non plus à fond dedans comme des hippies, mais cette notion, on a grandi avec. Enter The Void, de Gaspar Noé, c’est un film qui m’a bien retourné l’esprit. Dans le cinéma français, Noé est un game changer, et forcément, ça inspire.
http://www.youtube.com/watch?v=bKRxDP–e-Y
Où est-ce qu’il faut aller pour kiffer votre ville, Montreuil ?
Sanguee – Le parc des Beaumonts, c’est notre endroit. Il est collé à notre quartier, Bel Air. Quand il fait beau, on se pose là-bas, on ramène à boire, on fume notre joint, on met du son.
Momo Spazz – On a même fait des prods là-bas, on a trouvé le titre de notre premier Ep, Eau calme. C’est un parc symbolique, on y a créé beaucoup de choses, on y a tourné le clip de Favela… C’est l’endroit où on se retrouve, où on se rappelle tout ce qu’on a fait, où on pense à ce qu’on fera. C’est notre QG. Le parc, il est à nous.
Concerts
16 Février – Inrocks les Bains – Paris
25 Mars – Rocher de Palmer – Bordeaux
30 Mars – Release Party, Pop Up du Label – Paris
9 Juin – Club du Transbordeur – Lyon
7 Juillet – Paris Hip Hop Festival, Café la Pêche – Montreuil
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