Vingt-quatre ans après une fête mémorable au Cabaret Sauvage, le label de Bertrand Burgalat prend (presque) les mêmes et recommence, flanqué de la compilation la plus excitante de l’été.
“Tricatel a une croissance un peu inhabituelle, c’est un label qui a tendance à se porter de mieux en mieux au fil du temps”, s’étonne joyeusement son fondateur Bertrand Burgalat. Alors, histoire de “célébrer le présent et le futur”, il organise une soirée de concerts qui se déroulera au Cabaret Sauvage, vingt-quatre ans après une première tout aussi mémorable, jeudi 29 juin. Pour graver l’événement dans le sillon, il a également imaginé une compilation, Tricatel Machine, au sein de laquelle presque tous les artistes sont en activité en 2023.
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“Certains morceaux viennent d’être enregistrés, d’autres, comme ceux d’Ingrid Caven et Guy Cabay ont été fixés il y a plus de quarante ans, et ça ne s’entend pas, ils ont conservé toute leur fraîcheur”, commente BB. En effet, les treize pistes de Tricatel Machine obéissent à la veine indie et intemporelle défendue par son label depuis sa création, en 1995. Y sont convoqués, évidemment, les fleurons du Tricatel 2.0., Chassol et Catastrophe – pour Sweet Jesus !! et La Mémoire des pierres, tous deux inédits en vinyle. Côté jeunes pousses, Leo Blomov en mode introductif (Madrigal II) et Lord$ (le groupe du batteur de Catastrophe, Bastien Bonnefont), avec le groovy Billy Joel.
Comment cette sélection s’est-elle articulée ? “Ce sont des choix viscéraux qui se complètent, répond Burgalat, et reflètent la variété de générations et de styles de Tricatel.” Parmi nos coups de cœur, la (re)découverte du compositeur belge Guy Cabay avec Pôve Tièsse et une nouvelle version made in Hervé Bouétard de Tee-Shirt Finisher d’A.S. Dragon, “qui évoque la société contemporaine avec esprit”, analyse BB. “Comme nous avons toujours essayé de le faire”, précise-t-il. Dans l’air du temps sans être futile, questionnant le monde sans être plombant, le corpus de Tricatel se passe d’étiquettes autant que de leçons de vie. Ce qui rend cette compilation si réconfortante, forte d’une hybridité hyper assumée. Autre bijou à écouter en boucle, un instrumental du pianiste franco-suisse Karol Beffa baptisé Montées infinies : “C’est quelque chose dont je rêvais depuis longtemps : produire de grands compositeurs d’aujourd’hui comme Karol ou Thierry Escaich, en mettant en avant la richesse de leur langage harmonique et en tournant le dos aux fusions crossover réductrices. C’est une improvisation de Karol au piano sur laquelle j’ai rajouté quelques couleurs et des chœurs synthétiques.”
Enfin, Bertrand Burgalat lui-même s’est prêté au jeu en réinventant l’un de ses propres morceaux, Sentinelle mathématique, ici Girl of September : “J’avais lu des critiques un peu dures sur mon anglais (il est vrai que mon accent est pire quand je le chante qu’en le parlant), je n’avais donc sorti que le texte en français” – lesdites paroles ayant été jadis écrites par Barbara Carlotti. Qu’importe l’accent, pourvu qu’on ait l’ivresse. Burgalat s’amuse et son enthousiasme est contagieux : “En effet, on y sent l’influence Northern soul, et j’avais calé un de ces ponts inopinés que j’affectionne.” À noter, l’auteur du texte en anglais de Girl of September, le plasticien belge Jean-Pierre Muller, initie un projet publié à l’automne chez Tricatel, 7×7, convoquant Nile Rodgers, Archie Shepp ou Robert Wyatt. Tricatel un jour, Tricatel toujours !
Tricatel Machine (Tricatel). Sortie le 30 juin et disponible en avant-première durant la soirée Tricatel Machine du 29 juin au Cabaret Sauvage.
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