Dans une situation mondiale à ce point plombée, l’optimisme et le bonheur que respire l’album Tribalistas en devient presque scandaleux. Déjà qu’il fut conçu dans le lit d’un ménage à trois ! Qu’Arnaldo Antunes soit résident de São Paulo, que Marisa Monte vive à Rio de Janeiro et Carlinhos Brown à Salvador de Bahia ne […]
Dans une situation mondiale à ce point plombée, l’optimisme et le bonheur que respire l’album Tribalistas en devient presque scandaleux. Déjà qu’il fut conçu dans le lit d’un ménage à trois ! Qu’Arnaldo Antunes soit résident de São Paulo, que Marisa Monte vive à Rio de Janeiro et Carlinhos Brown à Salvador de Bahia ne rend pas leur triolisme plus abstrait, ni moins flagrant.
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Ces trois héros de la nouvelle scène brésilienne rassemblent déjà assez de traditions et d’anticonformisme, de sonorités acoustiques et d’électronique, de yin et de yang, pour que l’affiche soit, « sur le papier », comme on dit en football, prometteuse. Mais en plus, il y a de l’amour entre eux. Il fallait voir comment, à la fin du bref show-case donné fin septembre dans un lieu parisien, ils se sont étreints, ajoutant à la friandise de chansons pétries dans le lait de la bonté humaine le tableau vivant d’une trinité radieuse. On ne peut donc s’étonner de retrouver dans Passe em casa, Um a um ou Jà sei namorar, les chansons de l’album, les principes d’une philosophie où l’autre devient essentiel à soi-même. Le Brésil d’aujourd’hui, c’est un peu l’Angleterre ou la Californie des années 60.
Dénué de la prétention et de la préméditation que la formule pourrait suggérer, Tribalistas réussit ainsi à faire le lien entre Tom Jobim, les Beatles et l’ère nouvelle, pleine d’espérance, qui s’ouvre. »Nous ne sommes pas fatigués d’être restés des enfants« , chante le trio dans Velha infançia. Et pour faire bonne mesure à l’innocence, ils ajoutent dans leur petit panier en osier Mary Cristo, authentique chant de Noël avec clochettes et voix d’anges. Il y a ainsi dans la plupart de ces treize chansons rafraîchissantes l’idée que le monde recèle encore une certaine quantité de beauté cachée. Qu’il faut nous employer à trouver. Une préoccupation qui a toujours obsédé Brian Wilson, dont on reconnaîtra ici et là l’esprit enfantin ainsi qu’une certaine approche sonore.
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