Le maître des claviers s’est associé à Marc Johnson et à Peter Erskine pour former un triangle isocèle parfait. Pas un pari qu’il ne se soit lancé, pas un défi qu’il n’ait relevé. Martial Solal cultive l’art de la difficulté. En toute simplicité. Du solo à l’orchestre symphonique, de la composition à l’improvisation, ce touche […]
Le maître des claviers s’est associé à Marc Johnson et à Peter Erskine pour former un triangle isocèle parfait.
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Pas un pari qu’il ne se soit lancé, pas un défi qu’il n’ait relevé. Martial Solal cultive l’art de la difficulté. En toute simplicité. Du solo à l’orchestre symphonique, de la composition à l’improvisation, ce touche à tout de génie pousse la barre toujours plus haut. On l’aura deviné, la routine n’est pas son fort, le risque si, élevé au rang de principe de vie et de jeu. Solal est joueur, très joueur et toujours insatisfait. A chaque nouvelle expérience musicale, un nouveau combat à mener, une façon de se confronter (aux autres, à soi), de se perdre pour mieux se retrouver, pour mieux trouver. Etre original, c’est être soi-même. L’homme a peu d’ego, le pianiste peu d’égaux dans toute l’histoire du jazz. Inclassable, infatigable, imperturbable, il suit son petit bonhomme de chemin qu’il sème d’embûches. Martial Solal est travailleur, il travaille même le jour du Seigneur. Durant toute une année, il a improvisé en solitaire chaque dimanche sur France Musique (ce qui donna la matière de son précédent enregistrement, Martial Solal improvise pour France Musique, deux disques JMS). Depuis, il convie de jeunes pianistes. Solal est aussi partageur. Triangle, son nouvel opus, en est une nouvelle preuve tangible et sonore. Ce disque en trio a été enregistré en deux jours, juste après deux concerts au New Morning, histoire de faire connaissance avec ses deux compagnons d’outre-Atlantique : Marc Johnson (le dernier contrebassiste de Bill Evans) et Peter Erskine (l’un des batteurs les plus sollicités de la scène du jazz), soit l’une des meilleures rythmiques du moment pour former ce tiercé gagnant, ce triangle isocèle où se révèlent musicalité, interaction et cohésion. En excellente compagnie, Martial Solal (qui a l’imagination fertile et les mains agiles) marie art de la litote et de la profusion, rigueur et fraîcheur avec ce style inimitable où l’intelligence le dispute à l’humour. On peut appeler cela de la haute précision, de la voltige. Pianiste-acrobate, compositeur de l’instant constamment sur le fil du rasoir, il retombe toujours sur ses touches. Comme l’a écrit Alain Gerber, « Solal, c’est l’Eicher du jazz, ce merveilleux fou de l’espace qui vous fait grimper des volées d’escaliers en haut desquels vous vous retrouvez, ébloui et confus, au niveau du palier d’où vous étiez parti. » On n’en revient pas, on y retourne toujours.
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