Colossale compilation de maxis de dance-music glaciale et industrielle. Critique.
Dans le funk ou le disco de ce début des années 80, il était question de feu aux fesses : on dansait sur des charbons. Mais en marge de cette liesse, d’autres dansaient sur des chardons, des glaçons, des tessons. Dans les décombres des villes industrielles surgissait une dance-music robotique, en pardessus noir, l’air mauvais et le son belliqueux.
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Ça se passait en Europe (Belgique et Allemagne), on dansait jusqu’à l’épuisement et pourtant, c’était l’exact antithèse de l’eurodance. A cet hédonisme décérébré, tous les SPK ou Nitzer Ebb opposaient un ultraréalisme glacial, qui transformait les clubs en chambres froides. De LCD Soundsytem à l’infatigable DJ/archiviste Trevor Jackson, cette leçon de choses tranchantes et martiales a laissé des marques profondes.
Trevor Jackson compile aujourd’hui, sur un double CD austère et pourtant brûlant, une précieuse banque de sons (une banquise de sons ?) de cette époque. De DAF à 400 Blows, de Cabaret Voltaire à 23 Skidoo, toute cette dance-music industrielle et deshumanisée résonne, plus d’un quart de siècle après, avec la même violence, la même désespérance. Domestiqués ou réchauffés, ces sons primaux feront, quelques années plus tard, la fortune de Depeche Mode ou de la techno.
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