Les habitants de l’hémisphère Sud, c’est bien connu, vivent la tête à l’envers ; si bien que leur cerveau leur commande des idées et des actes qui échappent parfois à notre entendement. En voici une nouvelle fois l’illustration avec l’Argentine Juana Molina. Démangée par le démon de la musique, cette actrice et star de télé […]
Les habitants de l’hémisphère Sud, c’est bien connu, vivent la tête à l’envers ; si bien que leur cerveau leur commande des idées et des actes qui échappent parfois à notre entendement. En voici une nouvelle fois l’illustration avec l’Argentine Juana Molina. Démangée par le démon de la musique, cette actrice et star de télé aurait pu se payer les services d’un quelconque Obispo local. Au lieu de quoi elle préfère s’adonner aux plaisirs solitaires du home-studio et façonner des disques entièrement faits main, de la composition au mixage. Dans Segundo (2001) et Tres cosas (2002), Molina élabore une musique qui, par ses attributs sonores (guitares acoustiques et claviers), répond aux critères de l’electro-pop tout en refusant de se conformer à ses codes.
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Ici, la pop n’est pas vraiment un langage, avec ses traditions figées et ses figures de style obligées : comme chez Stereolab, elle serait plutôt un vif courant d’air, un vent de fraîcheur qui rosit le teint des mélodies et en vivifie le fragile épiderme. Quant à l’electro, elle n’est pas là pour faire tapisserie, mais pour tricoter activement la trame de chansons drôlement contournées : des synthés, qu’on jurerait chipés dans le débarras de Robert Wyatt, jusqu’à l’ordinateur, toutes les machines sont ici traitées comme des instruments à part entière, et non comme de simples gadgets.
Molina possède en outre un brin de voix qui ondule comme un coquelicot sous une brise d’été, ce qui ajoute un peu plus de charme à l’affaire. A ce niveau d’enchantement, on ne voit guère que les chansons de Stina Nordenstam, Anja Garbarek ou Julie Doiron ? des filles du Grand Nord qui, c’est bien connu, vivent trop loin d’ici pour voir les choses comme nous.
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