Enchantée et insolente, de la pop qui dit prout à la réalité
Les incurables romantiques qui auront accordé à l’album Songbook trop de temps et d’affection pendant l’automne dernier reconnaîtront quelques titres de ce trésor : six d’entre eux étaient venus, juste pour l’Europe, étoffer une édition sans prix du premier album de ces pacifiques canadiens. Déjà au travail de joaillier sur un troisième prévu dans les mois à venir, le groupe ne partage donc pas seulement avec Sufjan Stevens ou Loney Dear leur goût pour un folk en apesanteur, riche de mille éclats et détails hardis : il est aussi stakhanoviste, n’offrant en ici quatorze titres aucun temps mort, mou, morne. Uniquement distribué à l’origine sur le net, Treasury Library Canada ne devait être qu’un second album-hobby, une parenthèse enregistrée au coin du feu, à la bougie et à la pelote de laine : avec ces bouts de ficelles et de cordes vibrantes (de violons, de guitares de toutes obédiences, d’hommes tristes et de femmes euphoriques), Woodpigeon se construit pourtant un nid aux allures de palais baroque, à une hauteur vertigineuse, loin de la terre des vaches, des pâquerettes et des soucis.